99 Francs
Un film de Jan Kounen
D’après le roman de
Frédéric Beigbeder
Avec Jean Dujardin, Jocelyn Quivrin, Vahina Giocante, Elisa Tovati, Frédéric Beigbeder…
Il était évident que le roman en partie autobiographique de Beigbeder serait un jour adapté au cinéma, avec son univers délirant et profondément subversif.
A la baguette, on peut s’étonner de retrouver Jan Kounen, qui semblait s’être éloigné du cinéma traditionnel après ses dernières œuvres (Blueberry, Darshan…).
Pourtant, le résultat est à la hauteur des attentes et du livre, avec ce kaléidoscope un peu foutraque mais très drôle et subtil ( !).
Octave travaille pour une agence de publicité, la Ross & Witchcraft, et se vautre dans l’argent, la cocaïne et les filles. Alors qu’il doit présenter avec Charlie, son collègue, un projet pour le géant Madone (je vous laisse faire la traduction), et qu’il s’est attaché à Sophie, une jeune stagiaire de la société, Octave pète un plomb et se révolte contre le système dans lequel il travaille, la manipulation des masses.
La forme du film rejoint celle de l’œuvre de Beigbeder, qui fait d’ailleurs un clin d’œil en passant plusieurs fois dans le film. Kounen met en forme le délire d’Octave avec une réalisation très libre et des effets visuels opportuns, drôles.
Il faut surtout remarquer la performance de Jean Dujardin qui s’est effacé derrière son personnage avec beaucoup de talent, devenant un Octave plus vrai que dans le livre. A ses côtés, pas de faire-valoir mais des comédiens au diapason, Jocelyn Quivrin en tête ou encore l’électrique Vahina Giocante.
L’œuvre de Beigbeder, plaidoyer anti-pub, dénonçant la bassesse d’une profession qui consiste à nous vendre par tous les moyens un produit dont nous n’avons pas forcément le besoin, mais surtout les méthodes de réalisation de ces publicités, qui flirtent souvent avec des idées « border-line », comme la recherche d’une interprète à la peau «plus claire ». Cette mise en abyme de notre société de consommation peut faire froid dans le dos, mais Jan Kounen reste fidèle au récit de Beigbeder et n’enrobe pas d’une pellicule rose le cynisme de l’écrivain face à son propre ex-métier.
Drôle et déroutant, profondément cynique, désespéré avec tout de même quelques lueurs, 99 Francs est un produit à consommer au plus vite.
Arnaud Meunier
07/10/2007