Alexandre (Alexander)

 

Un film d’Oliver Stone

 

Avec Collin Farell, Val Kilmer, Angelina Jolie, Anthony Hopkins, Christopher Plummer, Rosario Dawson, Jared Leto

 

Oliver Stone est un cinéaste que l’on sait ambitieux.

 

Ses films consacrés à des dirigeants politiques, JFK, Nixon, Persona Non Grata et bientôt un documentaire consacré à Fidel Castro, ou à des sujets plus personnels comme Platoon sur la guerre du Vietnam, ou Any Given Sunday (L’enfer du Dimanche), sur le milieu du football américain, ont tous rencontrés un succès à la fois critique et commercial.

 

Il en sera différemment de sa dernière réalisation, Alexandre, qui s’attache à comprendre qui était Alexandre le Grand, ce qu’il représentait, le mythe qui s’est éteint peu avant 33 ans, âge christique par excellence, bien qu’étant mort en 323 avant Jésus Christ.

 

Parce que Stone a eu cette fois en main un de ces grosses machines hollywoodienne, au casting prestigieux mais pas toujours judicieux, aux moyens énormes mais pas toujours utilisés à bon escient. Il a essayé pourtant de garder le contrôle de son histoire, de l’Histoire, et lui insuffler l’énergie qu’il a pu mettre dans ses œuvres précédentes.

 

Mais il faut hélas reconnaître que les 2h55 du film nous laissent un peu sur notre faim. La vision d’Alexandre et de ses conquêtes manquent d’envergure, quelques moments viennent pourtant nous rappeler la maîtrise de Stone dans les scènes nerveuses, notamment lors de la charge des éléphants en Inde, où la bataille contre les Perses.

 

Alexandre le Grand régna sur une majeure partie du monde entre son accession au trône à l’âge de 20 ans, succédant au roi Philippe, jusqu’à sa mort peu avant ses 33 ans. Il mena ses milliers d’hommes sur les fronts de la Perse, de l’Arabie et de l’Asie, conquérant terre après terre, ville après ville, mais avec une vision d’unité qui n’était pas celle des barbares qui l’avaient précédé.

 

Un film sur le pouvoir comme beaucoup des films d’Oliver Stone (lire notamment le très bon article de Studio dans le numéro du mois de janvier) qui malheureusement tourne souvent à creux.

 

Même si l’œuvre de Stone est bien meilleure en substance que ne l’était Troy, de Wolfang Petersen, fade et vide de sens, le casting semble avoir été la plus grosse erreur.

 

Collin Farell n’est malheureusement pas crédible dans ce rôle de conquérant qui demandait de l’autorité, du charisme qu’il n’a pas su dégager, malgré son engagement dans le film.

Anthony Hopkins, qui incarne Ptolémée, quarante années après la mort d’Alexandre, est le narrateur de l’histoire, ce qui renvoie malheureusement un peu trop à ces films américains où le « vieux sage » transmet le savoir et l’Histoire aux jeunes, comme une leçon de morale.

Angelina Jolie incarne elle la mère d’Alexandre, avec force et passion, et exprime la peur et la folie comme personne.

Val Kilmer trouve lui un rôle, celui du roi Philippe, dans lequel il a pu exprimer son talent, avec force et énergie.

 

On retiendra aussi les performances plus discrètes mais bonnes de Jared Leto en Hephaistion, et Rosario Dawson en Roxane, sans oublier le grand Christopher Plummer dans le rôle d’Aristote.

 

Côté réalisation, quelques scènes sont impressionnantes, notamment celle de la charge des éléphants en Inde, brillamment mise en scène et qui n’est pas sans rappeler quelques scènes de Any Given Sunday, véritable maelström d’images. Quelques jolis plans aussi dans le désert, les montagnes.

 

Dommage que l’ensemble ne soit pas plus emballant et nous laisse un goût d’inachevé, comme le fût la quête d’Alexandre.

 

Arnaud Meunier

16/01/2005