Amadeus

 

Un film de Milos Forman

 

D’après la pièce de Peter Shaffer

 

Avec F.Murray Abraham, Tom Hulce, Elizabeth Berridge, Jeffrey Jones…

 

Amadeus, ce seul titre évoque aux cinéphiles et aux non-cinéphiles une personne dont le destin et le génie ont marqué l’histoire de l’Homme et de la musique.

 

Mais Amadeus est également une des œuvres les plus éblouissantes qu’il nous ait été donné de voir sur la musique classique et sur Mozart.

 

Réalisé en 1984, cette œuvre de Milos Forman, adaptée par Shaffer de sa propre pièce est d’une grandeur absolue, d’un faste et d’un souci du détail qui laisse sans voix plus de 20 ans après son tournage et l’avènement des effets spéciaux pour « grandir » un film.

 

Milos Forman n’a pas utilisé d’artifice, pas de faux-semblants dans sa peinture du génie Mozart, évoqué rétrospectivement à travers le regard et les dires d’Antonio Salieri.

Celui-ci, compositeur officiel du royaume autrichien, va découvrir le génie de Mozart lorsqu’il arrive à Vienne, et Salieri va alors s’échiner à détruire la carrière du compositeur, malgré son admiration et sa passion pour l’œuvre du génie, aux mélodies bouleversantes.

 

La destinée de Mozart, fulgurante, fût intimement liée à celle de Salieri, pourtant tombé dans l’oubli, même si Amadeus exagère ce point puisque Salieri fût le professeur notamment de Beethoven et bien d’autres.

 

L’Histoire est parsemée d’histoires sur Mozart et son destin, et l’on reconnaîtra à Forman et Shaffer le parti pris de raconter l’une de ses histoires, avec un talent magnifique.

 

Amadeus, oscarisé 8 fois, est un hommage merveilleux à la musique et à un homme, un enfant, un génie dont la vie entière et courte aura été vouée à la création, à la musique.

 

Opéra cinématographique de haut vol, Amadeus jouit d’une mise en scène brillante, loin d’être plombé par l’époque dont il parle, le XVIIIème siècle.

La narration rétrospective de Salieri apporte une distance et un regard éblouissant au destin de Mozart, et de Salieri lui-même.

 

Le récit monte graduellement en puissance, à mesure que le talent de Mozart resplendit. Alternant habilement et avec grande fluidité la musique et les opéras de Mozart avec le récit historique et fictionnel, Forman donne à Amadeus une saveur anthologique dont on n’a depuis retrouvé un égal.

 

La musique tient évidemment une place prépondérante dans le film, un personnage à part entière. Eblouissante, enivrante, mystique et grandiose, la musique de Mozart résonne tout au long du film, parfois en filigrane du récit, plus souvent devenant le récit lui-même, comme pour mieux évoquer la singularité de la vie du compositeur, qui ne saurait être complète sans sa musique, qui fût une « vie » vouée à la musique, à la création, au plaisir.

 

La composition de F. Murray Abraham dans le rôle difficile d’Antonio Salieri est remarquable, oscillant entre folie douce et admiration du génie de Mozart, constamment en train d’essayer de comprendre cet homme qu’il pense habiter de la grâce divine.

 

A ses côtés Tom Hulce incarne Mozart, avec une fragilité et une folie, une passion qui colle au personnage et à l’artiste.

 

Avec Amadeus, Milos Forman réalise un opéra sans fausse note, une réflexion sur la jalousie, la perversion de l’homme, le génie et le rapport au divin, au sacré.

 

A travers le regard des hommes, d’un homme particulièrement, il brosse le portrait sans concession d’un génie qui a peu vécu mais qui a marqué de son sceau pour l’éternité l’histoire de la musique.

 

Arnaud Meunier

01/07/2006