Collateral

Un film de Michael Mann

Avec Tom Cruise, Jamie Foxx, Jada Pinkett Smith…

Scénario de Stuart Beattie

 

L’événement cinéma de la rentrée, la machine à broyer le box office s’appelle Collateral. Pourtant ce n’est pas un enième navet américain ou film à gros effets spéciaux et héros de Marvell.

Collateral, c’est bien plus qu’un simple film, il entre dans la catégorie chef d’œuvre du 7ème art. Comme beaucoup des films de Michael Mann d’ailleurs. Michael Mann fait partie de cette génération de cinéastes qui laisse une empreinte durable dans le monde du cinéma moderne, du Dernier des Mohicans (où Daniel Day-Lewis, trop rare, fera une performance exceptionnelle), The Insider (avec Russell Crowe) et Heat (le face à face De Niro-Pacino). Une fois de plus, il réussit un travail d’orfèvre dans ce dernier film.

Tout d’abord, il y a une trame, simple.

Vincent est tueur à gages, en tournée à Los Angeles pour une nuit, qu’il doit jalonnée de cinq étapes meurtrières.

Max est chauffeur de taxi, « intérimaire » depuis 12 ans.

Une nuit à Los Angeles, ils vont se rencontrer, pour une virée en voiture qui va devenir leur cauchemar.

S’ensuit alors des scènes plus mémorables les unes que les autres, de la conversation entre Max et une cliente, Jada Pinkett Smith, qui ré-apparaîtra à la fin du film à la scène de la boîte de nuit asiatique, digne héritière de la scène de fusillade de Heat. D’autres encore à découvrir au long de leur ballade nocturne dans un Los Angeles jamais filmé ainsi, à l’heure où les coyotes traversent la route.

On reste sans voix devant le brio de la mise en scène, la photographie sublime, le scénario ciselé, impeccable de bout en bout.

Et que dire de la musique de James Newton Howard, à qui l’on doit le thème éternel de Urgences, qui signe ici une partition excellente, véritable présence derrière les images.

Tom Cruise réussit ici une performance nuancée, entre l’ombre du tueur à gages et la brillance de son « art », précis, net. Jusqu’au final saisissant, il reste le tueur à gages, implacable.

Il laisse exceller à ses côtés Jamie Foxx, vu notamment dans Any Given Sunday (Oliver Stone) et Ali (Michael Mann), très attendu en Ray Charles dans Ray (Taylor Hackford). Il incarne à la perfection cet homme ordinaire, aux rêves de vie meilleure, qui chemine depuis douze années dans son taxi, celui dont personne ne voit jamais le visage, le chauffeur de taxi. D’otage il deviendra héros, l’accomplissement forcé pour se sauver et sauver.

Jusqu’aux dernières secondes du film, impossible d’en prévoir son issue.

L’ambiance planante vous fait rester dans votre siège bien après le final, à repenser à ses héros mythifiés comme l’étaient déjà Russell Crowe, Daniel Day-Lewis ou Will Smith.

Un très grand film donc, histoire de solitude, de devoir et de rêves…

Laisser vous entraîner dans la nuit de Los Angeles… Votre réveil après 120 minutes n’en sera que plus agréable…

 

 

Arnaud Meunier

22/09/2004