Collision (Crash)
Un film de Paul Haggis
Avec Sandra Bullock, Don Cheadle, Ryan Philippe, Thandie Newton, Matt Dillon, Jennifer Esposito, Tony Danza, Chris Ludacris Bridge, Brendan Fraser…
Collision, film réalisé par Paul Haggis, le scénariste de Clint Eastwood sur Million Dollar Baby, marque le retour du cinéaste derrière la caméra.
Et on ne peut que se féliciter de le retrouver dans ce rôle lorsque l’on découvre Collision, lauréat du Grand Prix lors du récent Festival du Cinéma Américain de Deauville.
Il se rapproche un peu de Magnolia, signé Paul Thomas Anderson (à qui l’on doit également le brillant Punch Drunk Love), car il s’intéresse aux destins croisés de gens qui à priori n’ont rien en commun. Et pourtant, dans cette tentaculaire cité de Los Angeles, où les gens ne se touchent pas, ils vont se croiser, s’effleurer, se déchirer ou s’aimer.
Mosaïque culturelle, politique dans sa peinture des services de police et plus généralement de la société américaine, Collision est une réelle réussite.
Paul Haggis fait croiser les destins de ces personnes, sans pour autant y chercher un but, ou une certaine finalité où tout s’imbriquerait l’un dans l’autre. Il saisit d’abord des moments de vie, des histoires qui s’effleurent entre elles.
Et c’est grâce à la qualité des comédiens et de la mise en scène que Collision retient très vite votre attention, captive vos sens. Parmi les nombreux comédiens, il faut souligner les excellentes prestations de Thandie Newton, Ryan Philippe, Don Cheadle et Matt Dillon. Un casting impressionnant pour un film qui l’est tout autant. Aérien, il vole entre les êtres, avec une maîtrise du cadre sensible, dans un contexte toujours très périlleux pour ce genre d’œuvre.
Ce qui est profondément intéressant, c’est bien évidemment l’image qui est dépeinte de la police de Los Angeles, qui porte toujours les stigmates du racisme latent des années 80 et 90, des habitudes qui ne disparaissent que très peu, renforcée par la frénésie anti-terroriste qui a contaminé la société américaine, lui conférant un pouvoir quasi-ultime, de droit de vie ou de mort à chaque instant.
Et dans cette société où l’on louait le fameux melting-pot, l’affirmative action, les tensions inter-communautaires ne cessent de s’amplifier, comme en témoigne cette scène où le serrurier mexicain tente d’exposer au marchand perse qu’il doit changer sa porte au lieu de changer sa serrure et où il est pris pour un délinquant qu’il n’est pas.
Paul Haggis démontre bien que son talent ne se limite pas à celui de scénariste pour Clint Eastwood (pour qui il a signé d’ailleurs le scénario de son prochain film, Flags of our Fathers). Son sens de la mise en scène, du cadre, de la photographie et des couleurs, démontre des qualités artistiques indéniables.
Alors que le film s’achève, il ne fait que recommencer, et les histoires de se rencontrer, les êtres de s’effleurer ou se toucher, dans la peine ou la joie, dans l’hiver naissant sur la cité des Anges.
N’attendez pas pour découvrir Collision, qui mérite amplement l’attention que lui a porté le Jury du dernier festival de Deauville mais aussi les spectateurs (le film est à cette date classé n°49 du top 250 d’IMDB).
Arnaud Meunier
14/09/2005