Control
Un film d’Anton Corbijn
D’après l’œuvre de
Deborah Curtis
Avec Sam Riley, Samantha Morton, Alexandra Maria Lara, Craig Parkinson…
Pour les plus jeunes, Joy Division est un groupe inconnu. Pour les plus anciens, Joy Division est un mythe. Pour les amoureux du rock, de la new wave, Joy Division est une référence.
Sur les cendres encore brûlantes de Joy Division naîtra New Order, qui connut le succès dans les années 80. Joy Division eut une histoire courte, quelques années entre le milieu des années 70 et la mort de Ian Curtis, le leader du groupe, en mai 1980. Pourtant dans cette brève période, le groupe connu un succès mémorable qui aurait dû se perpétrer si Ian Curtis ne s’était pas donné la mort à la veille de la tournée américaine du groupe.
Né dans une petite ville d’Angleterre, le groupe commence à se faire connaître sur les scènes locales et on remarque très vite le leader Ian Curtis, parolier du groupe et chanteur fiévreux sur scène. Ses mouvements et pas de danse restent ancré dans l’esprit des spécialistes.
Mais Curtis est un leader atypique. Marié très jeune, avec une petite fille, il continue son travail au bureau de l’emploi local et lutte avec difficulté contre l’épilepsie qu’il développe très tard. Désespéré et dépassé par ce succès fulgurant, violent, trompant sa femme et se déséquilibrant un peu plus qu’il ne peut le supporter, il finira par se donner la mort en 1980.
Control, réalisé par Anton Corbijn, réalisateur de clip notamment pour Depeche Mode, est le fruit de la connaissance du neo-cinéaste de cette époque, de cette culture, qu’il vécut de l’intérieur. Le film s’inspire des mémoires de Deborah Curtis, la femme de Ian Curtis.
Porté par l’interprétation électrique de Sam Riley, qui se confond avec Ian Curtis avec excellence, Control est un hommage vibrant à un groupe, à un homme, à une époque qui changea radicalement le visage de la musique post-punk, dans la morosité suivant le choc pétrolier de 1973. A ses côtés, Samantha Morton et Alexandra Maria Lara (par ailleurs compagne de Sam Riley) sont impeccables.
La bande originale est la hauteur du mythe avec évidemment les chansons de Joy Division, certaines reprises par New Order, de Bowie, d’Iggy Pop ou des Sex Pistols.
Corbijn, photographe de métier, a choisi de tourner en noir et blanc, un noir et blanc granuleux et métallique qui colle parfaitement à l’ambiance du film, sombre, fatale.
Ian Curtis échappait à son entourage comme il s’échappait à lui-même. Le succès grandissant, la maladie empirant en raison des concerts du groupe, il fut celui qui perdit le contrôle de lui-même petit à petit, ne trouvant de sérénité ni auprès de sa femme et de sa fille qu’auprès de sa maîtresse, une jeune belge nommée Annick Honoré.
On ne ressort pas de Control sans avoir en tête les rythmes entêtants de Joy Division, comme le « dance, dance, dance to the radio » du titre Transmission ou encore les paroles de Love will tear us apart, plus grand succès du groupe, malheureusement posthume à la mort de Ian Curtis.
Un grand rock-movie, puissant et incontournable, véritable documentaire sur une époque et un homme qui changea sans le savoir le visage de la musique moderne.
Incontournable !
Arnaud Meunier
07/10/2007