Eternal Sunshine of the Spotless Mind
Film de Michel Gondry.
Scénario de Charlie Kaufman
Idée originale : Pierre Bismuth, Michel Gondry et Charlie Kaufman
Avec : Jim Carrey, Kate Winslet, Tom Wilkinson, Mark Ruffalo, Kirsten Dunst, Elijah Wood…
C’est une histoire d’amour comme tant d’autres… Celle de Joel et de Clémentine, leur rencontre, leurs souvenirs…
Une histoire d’amour où l’on s’aime, se déteste et s’oublie… pour de bon.
Charlie Kaufman signe une fois de plus un scénario d’anthologie avec cette histoire d’effacement de la mémoire pour remède au chagrin d’amour, à la rupture.
Idée étonnante que l’on doit entre autres à Pierre Bismuth, artiste et ami de Michel Gondry. Il faut alors tout le talent de Charlie Kaufman pour faire de ce sujet une superbe histoire d’amour, romantique, décalée. Il a su garder intacte l’idée originale pour ne pas en faire un autre de ce thriller sur la perte de mémoire qui pollue nos écrans à répétition.
On connaissait déjà le brio de Kaufman pour ses scénarios de Being John Malkovich, Adaptation (tout deux réalisés par Spike Jonze), Human Nature (première réalisation de Michel Gondry) et Confessions d’un homme dangereux (qui fût ensuite remanié sans son accord par George Clooney et d’autres scénaristes).
Ici, Kaufman met son talent créatif au service de Michel Gondry, dont la réputation de clippeur n’est plus à faire. De Björk à Radiohead ou les Rolling Stones, Gondry est une référence dans le monde du clip pour son imagination débordante et son talent visuel.
D’une histoire plutôt simple, la rencontre de deux personnes, les premiers temps, la séparation, il a su tirer l’idée de l’effacement de la mémoire par des moyens visuels, de mise en scène artisanaux, qui sont très agréables et nous ne font pas regarder l’écran béatement face aux effets spéciaux. Ici, tout est léché, précis, net. Nous sommes avec les personnages, sur cette plage de Montauk, sur le lac gelé, dans le train. Nous sommes avec eux dans leurs moments difficiles, leurs joies…
On retrouve avec grand plaisir deux très bons comédiens, malheureusement trop rares... Jim Carrey nous montre une nouvelle fois que son potentiel comique n’est pas son seul talent, voire même pas son premier talent. On avait découvert dans The Truman Show (Rob Reiner) ses capacités à émouvoir, sa folie douce et furieuse de Man on the Moon (Milos Forman), le classicisme de The Majestic (Frank Darabont). Ici, tout en nuances, il éclate à l’écran, tour à tour amoureux et en colère, dans ses souvenirs et sa réalité. Dramatique, il est émouvant.
Kate Winslet, l’éternelle Rose de Titanic (James Cameron), tient le rôle de Clémentine, fille au tempérament certain, aux multiples couleurs de cheveux aussi. Elle épate avec sa folie, son humour, son regard. Elle surprend dans ce rôle plus comique que Carrey lui-même.
A leurs côtés, des seconds rôles de choix : Kirsten Dunst, discrète mais très importante dans la trame du film; Tom Wilkinson, toujours impeccable ; Mark Ruffalo, une fois de plus excellent ; Elijah Wood, sorti du monde de Tolkien, redevenu humain.
Visuellement, vous serez épatés par les trouvailles de Michel Gondry, ce travail à l’ancienne, ces idées qui vous font tourner la tête (la maison ensablée, la baignade dans l’évier de la cuisine…). Je ne vous révélerai pas tout ce qui fait le charme de ce film.
Si vous avez aimé les précédents films écrits par Charlie Kaufman, vous ne serez pas déçus ni perdus dans ce monde romantique et décalé.
Si vous avez aimé les clips de Michel Gondry, leur visuel époustouflant, courrez-vite voire Eternal Sunshine of the Spotless Mind.
Si vous aimez le cinéma et les grands moments, n’attendez pas le DVD. Ce plaisir cinématographique se déguste sur grand écran..
Ne l’oubliez pas…
Arnaud Meunier
30/09/2004