Free Zone

 

Un film d’Amos Gitaï

 

Avec Natalie Portman, Hanna Laslo, Hiam Abbas, Carmen Maura

 

Amos Gitaï, cinéaste israélien, filme depuis plus de 20 ans son pays, Israël, qu’il y vive ou qu’il en soit exilé temporairement. Il filme les blessures de son pays, de ses relations avec la Palestine, de son passé, de ses espoirs perdus.

 

Présenté au Festival de Cannes 2005, Free Zone s’intéresse à la rencontre de deux femmes, une jeune américaine qui vient de quitter son petit ami et une femme israélienne qui doit aller régler une affaire dans la Free Zone, pour le compte de son mari.

 

Sur le long chemin qui va les mener jusque dans la Free Zone, elles vont passer des postes frontières, croiser des gens, apprendre à se connaître. Une découverte pour une jeune américaine qui ne se sent pas chez elle en Amérique, mais qui ne se sent pas chez elle non plus en Israël.

 

Si Free Zone est loin d’être le meilleur film de Gitaï, il reste une œuvre intéressante pour plusieurs raisons.

 

Tout d’abord, il filme le voyage improbable de deux femmes, deux âges différents, deux mondes différents, deux regards différents sur Israël et le monde. Un voyage nécessaire pour Rebecca, la jeune femme, qui a besoin d’oublier et de se retrouver ; un voyage d’affaires pour Hanna, qui doit récupérer de l’argent pour le compte de son mari, besoin vital au milieu du désespoir économique qui touche cette région en guerre.

 

Le cinéaste filme aussi au long du voyage les difficultés de communication entre palestiniens, israéliens, jordaniens mais aussi ces instants où une compréhension s’installe, au-delà de la barrière de la langue, de la religion et des préjugés, de la guerre qui ronge cette région. Des instants d’espoir que Gitaï saisit, des moments touchants.

 

Sans porter de jugement, Gitaï filme les relations telles qu’elles sont avec leur dureté ou leur légèreté, nous rappelant qu’avant d’être palestiniennes ou israéliennes, ce sont avant tout des femmes, des personnes.

 

Le film vaut beaucoup à son trio de comédiennes, Hanna Laslo, récompensé par le prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes, réellement touchante, un rôle fort, une femme qui s’accroche à ce qu’elle est, à ce qu’elle a ; Natalie Portman qui tourne pour la première fois devant la caméra de Gitaï, dans le rôle de la jeune femme américaine, et à qui l’on doit le plus beau plan du film, celui qui le débute, qui dure plusieurs minutes, un plan où elle pleure, seule, face à la caméra alors que passe à la radio une chanson parlant de la stupidité de la guerre ; Hiam Abbas incarne quant à elle Leila, une palestinienne travaillant dans la Free Zone.

 

Elles communiquent en trois langues, échangent, se comprennent ou se disputent.

 

Leur interprétation donne de la force à un film qui se perd dans les méandres de son intrigue, sur les routes d’Israël ou de Jordanie. Des plans parfois trop longs et surtout une histoire qui a du mal à tenir la route.

 

Un film pacifiste et humaniste qui n’atteint pas vraiment son but. Dommage.

 

 

Arnaud Meunier

11/11/2005