Holy Lola

 

Un film de Bertrand Tavernier

 

Avec Jacques Gamblin, Isabelle Carré, Bruno Putzulu, Srey Pich Krang

 

Nous connaissions le goût de Bertrand Tavernier pour les aventures humaines à travers ses précédentes œuvres.

 

Holy Lola ne déroge pas à a règle et va même au-delà de ce qu’a pu faire Tavernier jusqu’à présent.

 

Basé sur l’excellent scénario de Dominique Sampiero et Tiffany Tavernier, extrêmement bien documenté notamment grâce à de long mois de recherches, de visites à Phnom Penh, Tavernier a laissé vivre l’histoire, vivre les hommes et les femmes qui traversent ces épreuves, ces personnes comme vous et moi, des gens ordinaires.

 

L’histoire est celle de Pierre et Géraldine, un couple du Cantal, lui est médecin, elle ne peut avoir d’enfant. Ils partent au Cambodge pour adopter un enfant.

 

Arrivés sur place, ils rencontrent d’autres couples, eux aussi venus adopter un enfant. Ils se trouvent aussi confrontés à l’administration cambodgienne, stigmatisée comme la société par le massacre des Khmers rouges, empêtrée dans la corruption pour survivre, pour vivre, confrontés aux intermédiaires plus ou moins honnêtes, confrontés à la concurrence des familles américaines qui payent plus cher qu’eux, comme si chaque enfant avait une valeur marchande.

 

Tavernier a filmé comme un documentaire ce voyage des gens ordinaires dans un pays où ils ne seraient sans doute jamais venus, dans ce pays détruit par la guerre, ravagé par les mines qui chaque jour tuent et mutilent ses habitants, par cette mémoire collective dont une génération complète a disparu sous le régime sanguinaire de Pol Pot.

 

Jacques Gamblin et Isabelle Carré incarne ce couple ordinaire, désireux d’adopter un enfant pour l’élever en France. Un couple ordinaire qui va apprendre les rouages plus ou moins honnêtes des démarches administratives, qui va découvrir les orphelinats cambodgiens, les légaux et ceux où les enfants ont été vols à leurs parents, ils vont découvrir aussi la misère quotidienne des gens, de ces enfants qui trient les ordures dans les décharges, agglutinés à l’arrière du camion qui déversent ses déchets.

Une des comédiennes du  film dit d’ailleurs à un moment « Au Cambodge, tout le monde sourit mais tout le monde a le cœur brisé ». Cette très belle phrase résume à elle seule l’émotion qui exalte du film. La détresse de couples qui ne peuvent enfanter, qui viennent chercher ici le bonheur qu’on leur refuse en France. La détresse d’un peuple qui ne peut élever ses enfants. La détresse d’un peuple qui se relève doucement d’années de guerre, de massacres… Tout est à refaire dans ce pays, tout est à créer, à construire.

 

Magnifiquement filmé, alternant longues scènes d’exposition quasi-documentaires dans Phnom Penh, scènes intimes entre Pierre et Géraldine (les deux comédiens sont bouleversants), scènes de groupes plus détendues et longues attentes dans les bureaux des administrations locales, sous les pluies des moussons et le soleil accablant.

 

Holy Lola est bien plus qu’un simple film, c’est avant tout une aventure humaine qui se prolonge au-delà des 128 minutes du film…

 

Allez voir le site du film : http://www.holylola.com

 

Vous y trouverez de quoi prolonger votre voyage…

 

Aussi, pour connaître l’horreur du génocide Khmer, regardez le film The Killing Fields (La Déchirure), de Roland Joffe. La critique.

 

 

Holy Lola est une œuvre majeure de Tavernier et du cinéma humain.

 

Arnaud Meunier

05/12/2004