Indigènes

 

Un film de Rachid Boucharef

 

Avec Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila, Samy Naceri, Bernard Blancan, Antoine Chappey

 

Itinéraire d’un film au destin médiatisé, historique ? Médiatique & Historique, Indigènes l’est sans aucun doute.

 

Cinématographiquement d’abord, cette réalisation, après l’épatant La Bataille d’Alger, s’intéresse à l’Afrique du Nord française, époque colonialiste et dominatrice. Rare, trop rare.

Historiquement, Indigènes relate un épisode de l’Histoire de France qui a été passé sous silence dans les livres d’enseignements : l’engagement des tirailleurs africains et nord-africains dans l’armée de la République, pour la libérer du joug de l’ennemi nazi. Un « oubli » de l’histoire, dramatique, honteux, qui laisse encore aujourd’hui des traces indélébiles, des cicatrices dans la république et dans les cœurs de ces hommes et de leurs familles.

 

Devoir de mémoire indispensable, guidé par la conscience d’un cinéaste désireux de raconter l’histoire de ses racines bafouées par la « R »épublique.

 

Le Festival de Cannes ne s’y est pas trompé cette année, en attribuant aux cinq comédiens principaux un prix d’interprétation collectif, symbole de la fraternité qui est incarnée avec force dans cette œuvre. Un coup de projecteur nécessaire, indispensable, qui a donné un peu plus d’élan à cette entreprise difficile.

 

Et le résultat cinématographique en vaut la peine. La mise en scène n’est pas révolutionnaire mais respecte les codes du film de guerre. Une exposition plutôt courte mais bien rythmée, concise. Elle met bien en lumière la diversité des raisons qui ont poussé ces hommes, subordonnés à la France, à pourtant rejoindre son armée et combattre l’Allemagne.

 

Boucharef s’est appliqué sur la reconstitution, tant historique que physique des batailles menées par ces hommes, tant sur le front français que nord-africain. Des batailles essentielles que le cinéaste filme avec application.

 

Bernard Blancan et Sami Bouajila composent admirablement leur rôle respectif de sergent et de caporal de leur division. Seul Jamel Debbouze dénote un peu par moments dans cette harmonie.

 

Indigènes n’est donc pas le film de l’année mais porte en lui un symbole et une volonté de justice indéniables que l’on aimerait voir enfin dans plus de films français.

 

 

Pour la mémoire, pour son audace et son importance, allez voir Indigènes.

 

Arnaud Meunier

08/10/2006