Jarhead
Un film de Sam Mendes
D’après le récit
autobiographique d’Anthony Swofford
Avec Jake Gyllenhaal, Peter Sarsgaard, Jamie Foxx, Jacob Vargas, Lucas Black…
Après avoir égratigné l’Amérique puritaine avec American Beauty, Sam Mendes s’est intéressé à l’histoire de ce jeune marine parachuté dans la première guerre du Golfe. Un récit authentique d’Anthony Swofford que sans doute beaucoup auraient dû lire avant de se lancer dans la seconde guerre du Golfe.
Jarhead n’est pas un récit politique ni engagé dans lequel il faut chercher ou trouver quelconque message ou justification à la guerre. Le film est simplement le récit d’une troupe de marines à travers le regard d’un jeune homme atterri par erreur dans un milieu qui lui semble hostile et où il va pourtant s’affirmer et grandir.
A travers les yeux de Swofford, magistralement interprété par Jake Gyllenhaal qui confirme une fois de plus son talent épatant, on découvre le milieu des marines, évidemment très masculin et dur, où pourtant chacun essaye de s’affirmer à sa manière.
Et puis il y a cette guerre que tous attendent fébrilement, s’excitant en regardant Apocalypse Now, puis cette guerre qui est là. Une présence fantomatique, anecdotique, de lignes ennemies qui sont invisibles, d’ennemis que l’on ne voit pas au-delà du désert, sous une chaleur étouffante et le sable qui vous pique les yeux.
Un parcours de soldat dans une guerre médiatique, soit disant aux frappes chirurgicales, où les jeunes soldats ont passé plus de temps à attendre aux portes de l’Irak que d’y être et combattre. Un comble.
Le récit de Swofford, extrêmement détaillé, ne cache rien du quotidien d’un soldat, l’ennui, les jeux, l’entraînement, l’énervement, la surexcitation des soldats face à l’ennemi, cet ennemi qu’ils ne connaissent pas, l’éloignement affectif avec la famille, les amis, les amours.
Sur une bande originale qui ‘claque’ littéralement, entre les Doors et quelques classiques, Mendes suit son héros, ses héros, au plus près, choisissant de ne pas esthétiser ce qui n’est pas beau, choisissant de filmer à hauteur d’hommes pour pouvoir saisir leurs émotions, leurs craintes, leurs doutes.
L’interprétation de Jake Gyllenhaal est sans faille, tour à tour brutal ou touchant, entre deux mondes. A ses côtés, Peter Sarsgaard et Jamie Foxx tiennent le haut de l’affiche grâce à leur composition nuancée et appliquée.
Se refusant à l’action facile, au spectacle militaire malgré les nombreuses scènes ‘on the field ‘, Mendes n’a pas fait un film sur la guerre en Irak, ni sur la guerre tout court, il a réalisé un film sur des hommes confrontés à la guerre.
En sortant aujourd’hui, ce film fait bien évidemment écho à la guerre qui sévit actuellement en Irak, nous rappelant les images de l’invasion américaine de 2003 où de jeunes soldats criaient « burn, mother fucker burn », sans connaître leurs ennemis. Avec les conséquences désastreuses que nous connaissons trop bien malheureusement.
Mendes rebondit après le demi-succès de Road to Perdition, avec Tom Hanks. Un film brut et à la photographie magnifique, qui raconte une histoire, des histoires, celle des hommes d’une compagnie de marines se retrouvant en Irak pour protéger des puits de pétrole.
Un film à voir absolument à sa sortie.
Arnaud Meunier
06/01/2006