Je vais bien, ne t’en fais pas

 

Un film de Philippe Lioret

 

D’après l’œuvre d’Olivier Adam

 

Avec Mélanie Laurent, Kad Merad, Julien Boisselier, Isabelle Renauld, Aïssa Maïga

 

Philippe Lioret, après le demi-succès de L’équipier, se tourne cette fois-ci vers un drame beaucoup plus sombre, inspiré du très noir roman d’Olivier Adam.

 

D’emblée, un regard captive, celui de la lumineuse Mélanie Laurent, qui malgré son jeune âge a déjà une jolie carrière derrière elle et de très beaux espoirs devant elle.

 

Elle incarne Lise, jeune fille de 19 ans, qui rentre chez elle après des vacances en Espagne. A son retour, ses parents lui apprennent que Loïc, son frère jumeau est parti de la maison familiale après une énième dispute avec son père. D’abord inquiète, la jeune fille sombre dans la dépression et l’anorexie, avant de recevoir des nouvelles de son frère par carte postale. Elle décide de chercher à le retrouver.

 

Pour sa première incursion dans le vrai drame, Philippe Lioret réussit un coup de maître.

 

Il ne verse jamais dans le pathos et laisse l’émotion s’installer naturellement, sans être poussive et maladroite.

 

C’est le récit d’une histoire ordinaire, celle d’une famille de banlieue, d’un drame qui se tait, de silences parfois lourds. Mais c’est aussi le récit d’une jeune fille qui perd ses repères et qui se réfugie dans son silence, dans sa dépression, cherchant à espérer le retour de son alter ego, cet autre moi qu’elle ne peut croire perdu à jamais.

 

Supportée par ses amis, elle va doucement se reconstruire, mois après mois, espérant pourtant toujours retrouver son frère quelque part.

 

La sensibilité de l’interprétation de Mélanie Laurent, captivante et magnifique tout au long du film, est le point d’orgue de cette œuvre réussie. A ses côtés, Julien Boisselier et Aïssa Maïga sont discrets mais convaincants, Kad Merad et Isabelle Renauld interprètent les parents de Lise avec talent, touchants dans l’épreuve qu’ils traversent.

 

Le scénario est habilement construit et garde jusqu’au bout un suspens amené avec discrétion et patience. Je vais bien, ne t’en fais est un drame subtil et fort, qui résonne dans le cœur de tous ceux qui ont connu la perte d’un être cher.

 

Mélanie Laurent pourrait bien se voir attribuer un César du meilleur espoir féminin en 2007 tant son interprétation la place aujourd’hui sur le devant de la scène, un talent que l’on retrouvera très bientôt dans Indigènes, de Rachid Bouchareb.

 

A noter que la chanson Lili (U-turn), est interprété par le groupe Aaron, dont leader Simon Buret fait une brève apparition au début du film.

 

Je vais bien, ne t’en fais pas est un des meilleurs films de cette rentrée cinéma, ne le laisser pas passer !

 

Arnaud Meunier

09/09/2006