Locataires (3-Iron) (Binjip)

 

Un film de Kim Ki-duk

 

Avec Lee Seung-yeon, Jae Hee, Kwon Hyuk-ho

 

Sortie France le 13 avril 2005

 

 

Si vous aviez découvert comme moi Kim Ki-duk à travers son magnifique film Printemps, Eté, Automne, Hiver… et Printemps, vous ne serez pas dépaysés en voyant Locataires, sa dernière œuvre, dans le sens premier du terme.

 

Une œuvre d’art, de peintre (Kim Ki-duk a étudié à Paris la peinture et le dessin, avant de se consacrer au cinéma), d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens scénaristiques, photographiques et scéniques.

 

Locataires est une œuvre épurée, qui touche à l’essence même du cinéma. Kim Ki-duk a gardé l’essence, le scénario magnifique, fait disparaître le superflu (jusqu’aux dialogues quasi-inexistants), pour toucher à la grâce et l’excellence.

 

Locataires raconte l’histoire de Tae-suk, jeune homme qui arpente les rues à moto. Il laisse des prospectus sur les poignées de porte des maisons. Quand il revient quelques jours après, il sait ainsi qu'elles sont désertées. Il y pénètre alors et occupe ces lieux inhabités, sans jamais rien y voler. Un jour, il s'installe dans une maison aisée où loge Sun-houa, une femme maltraitée par son mari...

Une histoire se noue alors entre eux.

Nous ne révélerons pas ici tout ce qui fait le charme et la beauté de ce film, puisque sa découverte est un voyage.

Après Printemps, Eté…, Kim Ki-duk montre une nouvelle fois son talent pour faire de silences et de regards un discours romantique que mille mots ne sauraient raconter.

La recherche constante de la pureté amène le cinéaste à également travailler sur ses propres méthodes. Il n’utilisa ici qu’une équipe réduite pour tourner, sur un laps de temps lui aussi très court, avec des décors naturels (son propre appartement notamment).

Le résultat n’en est que plus appréciable.

Certains plans sont des œuvres d’art et si l’on fixait un instant l’objectif de la caméra, on pourrait en saisir les nuances infinies.

L’interprétation excellente des comédiens confère une force qui ne faiblit jamais et ce sont eux l’âme du film, les Locataires…

Dans ce sens, Locataires fait écho à Gerry de Gus Van Sant, film qui avait marqué les esprits par sa simplicité scénaristique, artistique, tout en étant pourtant un retour à un cinéma qui se rapproche de l’art et qui s’éloigne de toute velléité financière.

Locataires fût présenté hors compétition au dernier festival de Deauville, qu’il aurait vampirisé face à une sélection officielle assez moyenne.

Mais nul besoin de lauriers supplémentaires pour Kim Ki-duk, ses œuvres vivent à travers le regard des spectateurs.

Artiste indépendant, le cinéaste coréen nous réserve espérons-le encore de beaux moments de cinéma.

 

Laissez-vous entraîner par la magie de Locataires, voyagez… découvrez…

 

Arnaud Meunier

01/04/2005