Marie-Antoinette

 

Un film de Sofia Coppola

 

D’après l’œuvre d’Antonia Fraser

 

Avec Kirsten Dunst, Jason Schwarztman, Rip Torn, Asia Argento, Marianne Faithfull, Judy Davis, Steve Coogan, Aurore Clément, Guillaume Gallienne, Jamie Dornan

 

Après les succès critiques et publics de Lost in Translation et The Virgin Suicides, autant de succès que de films pour la jeune réalisatrice, fille de, celle-ci a réalisé Marie-Antoinette, présenté ce 24 mai 2006 en sélection officielle au Festival de Cannes, une première consécration pour la cinéaste au parcours sans faute.

 

Va-t-elle réussir à créer la surprise et emporter la Palme d’Or ?

 

Marie-Antoinette n’est pas un biopic historique, comme on a pu en voir beaucoup à l’écran. Définir ce film s’apparente déjà à le dénaturer. On pourrait le nommer un « opéra pop-rock » sur la vie d’une trop jeune reine, noyée dans les excès de Versailles et son faste. Mais c’est aussi un drame historique, romantique, profondément mélancolique sur la naissance d’une reine, le difficile passage d’une jeune femme à l’âge adulte, thème récurrent chez Sofia Coppola, formant ainsi, et peut-être concluant une trilogie sur l’adolescence, entamée avec The Virgin Suicides.

 

En se permettant quelques anachronismes parfois réjouissant comme cette paire de Converse au milieu des chaussures de salon essayée par la jeune Marie-Antoinette ( !), Sofia Coppola nous attire vers son personnage principal, au cœur de l’intrigue, soumise aux regards d’un monde, d’un pays, au centre de l’admiration et de la controverse, à la fois haïe par le peuple pour son faste et son train de vie dispendieux et aimée de la cour pour sa jeunesse, la vivacité de son esprit et son élégance.

 

Si Marie-Antoinette fascine, c’est particulièrement grâce à son interprète, Kirsten Dunst, déjà présente et magnétique dans The Virgin Suicides, qui illumine la pellicule de sa grâce et de sa fragilité, de son sourire et de son regard par lequel elle fait passer des émotions d’une indicible nuance. Ce personnage historique, perçu jusqu’alors comme une reine sans cœur et égoïste, devient soudainement une jeune femme, une demoiselle à laquelle on s’attache et à qui l’on souhaite un destin bien différent de la réalité.

 

Du côté de la réalisation, Sofia Coppola filme avec une légèreté contrastant avec la vitesse et l’énergie de Lost In Translation. Elle magnifie le cadre, le château de Versailles avec ses jardins magnifiques, son faste, ses salles somptueuses. Mais elle met surtout en valeur Kirsten Dunst, filmant au plus près ses émotions, nous faisant partager une intimité, une solitude extraordinaire, celle d’une jeune fille dans un costume de reine bien trop grand pour elle.

 

Aux côtés de Kirsten Dunst, on retrouve un casting riche et bien choisi : Jason Schwartzman incarne Louis XVI ; Asia Argento la favorite de Louis XV… à noter la participation de nombreux comédiens français dont Guillaume Gallienne, Aurore Clément ou encore Mathieu Amalric (le temps d’une scène).

 

La musique tient une place prépondérante dans l’œuvre de Sofia Coppola, qui de son aveu écrit en écoutant beaucoup de musique. Après avoir choisi Air pour The Virgin Suicides, Phoenix et bien d’autres pour Lost In Translation, Air est de nouveau présent sur le score de Marie-Antoinette, ainsi que New Order, The Cure, The Strokes ou encore Bow Wow Wow (avec Kevin Shields, déjà présent sur Lost in Translation).

 

Une musique qui pourrait dissoner avec le film et qui pourtant (à l’exception peut-être du titre de The Strokes), est complètement en harmonie avec celui-ci. Le mélange de musique classique, originale et de ce son pop-rock est équilibré et donne au film un éclat, un bain de jouvence propice, en accord parfait avec son personnage et son (H)istoire.

 

Marie-Antoinette montre une nouvelle fois le talent d’une cinéaste qui ne cesse d’explorer des contrées cinématographiques diverses et de nous surprendre par sa liberté.

Et si le nom Coppola se conjuguait dorénavant au féminin ?

 

Laissez vous emporter, bouleverser par Marie-Antoinette…

 

Arnaud Meunier

24/05/2006