Même la pluie (Tambien la lluvia)

Un film de / A movie by Iciar Bollain

Avec / With Gael Garcia Bernal, Luis Tosar, Carlos Aduviri,  Najwa Nimri…

Synopsis : Sebastian, jeune réalisateur passionné et son producteur arrivent dans le décor somptueux des montagnes boliviennes pour entamer le tournage d'un film. Les budgets de production sont serrés et Costa, le producteur, se félicite de pouvoir employer des comédiens et des figurants locaux à moindre coût. Mais bientôt le tournage est interrompu par la révolte menée par l'un des principaux figurants contre le pouvoir en place qui souhaite privatiser l'accès à l'eau courante. Costa et Sebastian se trouvent malgré eux emportés dans cette lutte pour la survie d'un peuple démuni. Ils devront choisir entre soutenir la cause de la population et la poursuite de leur propre entreprise sur laquelle ils ont tout misé. Ce combat pour la justice va bouleverser leur existence.

Œuvre ambitieuse, Même la Pluie évoque la genèse d’un film sur l’arrivée de Christophe Collomb et des colons espagnols, mais un tournage qui va être perturbé par la vie et un conflit entre la population locale et les autorités, sur la privatisation injuste de l’eau.

Bénéficiant d’un casting en or, l’œuvre d’Iciar Bollain est complexe car elle mêle deux histoires qui vont évoluer ensemble, une mise en abyme remarquable entre l’histoire de la révolte contre les colons espagnols, sanguinaires et impérialistes, et celle d’un peuple contre des autorités monnayant l’accès à la plus basique des ressources : l’eau.

S’inspirant de faits réels, la révolte de Cochabamba, Iciar Bollain réussit son pari audacieux et nous intéresser aux deux sujets, à une lutte pour un droit fondamental mais aussi au tournage épique d’une œuvre cinématographique ambitieuse, relatant une histoire au milieu d’une jungle, qui n’est pas sans rappeler évidemment le Fitzcarraldo, de Werner Herzog.

Difficultés logistiques, rencontre entre deux mondes, l’un baignant dans l’argent et le plaisir, l’autre dans la difficulté et la nécessité, Même la pluie est un récit humaniste mais porte aussi parfois un regard désabusé sur le monde occidental et ses attentes, très éloignées des réalités parfois rudes des pays en développement.

Gael Garcia Bernal s’implique dans ce film audacieux, continuant ainsi un parcours impeccable. A ses côtés, Luis Tosar impose sa stature et son grand talent, dans le rôle le plus complexe avec celui de Carlos Aduviri, incroyable bolivien révolté et leader de la contestation, mais aussi leader de la révolte contre l’envahisseur espagnol.

Le seul écueil du film est peut-être son montage, dont les ellipses sont parfois énigmatiques et brisent le rythme pourtant soutenu.

Même la Pluie, représentant de l’Espagne aux prochains Oscars, pour le meilleur film étranger, ne bénéficie pas d’une grande promotion en France, mais bénéficie en revanche d’un bouche à oreille qui je l’espère lui permettra d’être vu par le plus grand nombre.

Arnaud Meunier

23/01/2011