Sans Arme, ni Haine, ni Violence

 

Un film de Jean-Paul Rouve

 

Avec Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Patrick Bosso, Alice Taglioni…

 

Albert Spaggiari. Un nom que beaucoup connaissent mais dont peu connaissent encore l’histoire. En 1976, Spaggiari, accompagné de truands marseillais et de quelques amis, vida en un week-end les coffres de la Société Générale de Nice. Petit photographe discret, Spaggiari était un mégalomane, rêvant d’aventure et de reconnaissance, ce qu’il obtint avec ce « casse du siècle », coup monumental magnifiquement orchestré par ses soins. Habile et ingénieux, mais rattrapé et interpellé, il s’évada et disparut en Amérique du Sud pendant de nombreuses années, narguant la police française, multipliant les interviews, livres, pieds de nez à la France.

 

Personnage délirant, qui aimait le déguisement et jouait comme un enfant, sans se soucier parfois d’une réalité beaucoup plus dure et pauvre qu’il ne voulait laisser transparaître, Spaggiari finit par devenir un personnage plutôt pathétique et touchant, éloigné des truands du milieux niçois ou marseillais.

 

Pour son premier film, Jean-Paul Rouve a choisi de s’intéresser à ce personnage atypique, un sujet complexe et difficile à aborder. Le néo-réalisateur, également interprète du rôle-titre, capture parfois avec difficulté tant l’histoire de Spaggiari que l’histoire de son chef d’œuvre. Il effleure par moments le fond du sujet, la solitude et la recherche effrénée de la reconnaissance du monde de son génie, mais le personnage reste pourtant insaisissable et il est difficile d’éprouver de réelle émotion si ce n’est celle qui prédomine, la moquerie d’un homme profondément pathétique, l’ombre d’un « gangster » qui n’a pas les épaules pour supporter sa propre vie.

 

Minutieux dans son choix de comédiens, dans sa réalisation, ce premier film de Jean-Paul Rouve est prometteur et nous laisse espérer des œuvres plus complexes et réussies que cette première marche à demi-manquée.

 

Enthousiaste dans le rôle de Spaggiari, du sur-mesure pour le comédien, Rouve a pu compter sur le talent de Gilles Lellouche, qui n’en finit plus de nous épater, à la fois sobre et sanguin dans le rôle (fictif) du reporter/flic qui se prend de sympathie pour Spaggiari.

 

Un film ambitieux qui ne prend pas totalement mais qui laisse transparaître de beaux lendemains pour le cinéaste Jean-Paul Rouve.

 

Sans arme, ni haine, ni violence.

 

Arnaud Meunier

20/04/2008