She Hate Me
Un film de
Spike Lee
Avec
Anthony Mackie, Kerry Washington, Ellen Barkin, Monica Bellucci, Jim Brown,
Ossie Davis, Jamel Debbouze, Woody Harrelson, Bai Ling, Q-Tip, John Turturro
Après le crépusculaire The 25th Hour, Spike Lee revient dans
un style plus proche du cinéma qu’on lui connaît, celui où il égratigne la
société américaine et défend la cause afro-américaine, malheureusement parfois
avec un manque de recul évident.
She Hate Me est l’histoire de Jack Armstrong, vice-président
d’un groupe pharmaceutique sur le point de sortir un vaccin contre le SIDA.
Mais Jack ne sait pas que l’autorisation de la Food and Drug Administration ne
sera pas obtenue, ce qui plongera le groupe dans une condition financière dramatique,
et surtout ses dirigeants face à leurs responsabilités dans les malversations
qui seront mises à jour.
Jack, refusant ces pratiques, se fait licencier et se
retrouve sans argent jusqu’à ce que son ex-petite amie vienne le voir pour que
celui-ci joue les géniteurs pour elle et sa petite amie ! Jack accepte et
commence ainsi une nouvelle carrière de gigolo pour lesbiennes désirant
enfanter…
Si l’on retrouve les thèmes chers à Spike
Lee, à savoir la place des afro-américains dans la société américaine, la
société américaine, ses scandales (Enron et Worldcom sont clairement cités), sa
politique (fabuleuse photo de Georges W. Bush sur un billet vert frappé du
sigle Enron, principal pourvoyeur de fonds lors de la campagne présidentielle de
2000, juste avant sa chute extradordinaire), sa justice (malheureusement
présentée avec trop de manichéisme), sa morale, She Hate Me peut s’enorgueillir
d’un ton comique rafraîchissant, notamment dans les scènes de sexe, filmés avec
humour…
Anthony Mackie se révèle être excellent comédien, aussi
crédible en tant que vice-président que gigolo, déchiré entre son amour et sa
vie. A ses côtés, Kerry Washington brille également. Le casting est très bien
choisi, entre Q-Tip et John Turturro qui nous livre un numéro de Don Corleone
assez impressionnant, Monica Belluci, en jeune fille de mafioso, et Jamel
Debbouze, plutôt en décalage avec le reste du casting, malheureusement peu à
son aise dans cet exercice, ce « joint » de Spike Lee.
La mise en scène est dynamique, malgré les répétitions
parfois superflues de la « course des spermatozoïdes », qui à la
longue ne font plus que sourire, et les scènes au tribunal, plutôt manquées à
cause de la théâtralité toute américaine des procès, où heureusement le gentil
juge noir donne raison à l’accusé.
Malgré ses quelques défauts, She Hate Me est un film à voir,
car l’Amérique n’est pas que puritaine et ségrégationniste…
Arnaud Meunier
25/11/2004