Sicko
Un documentaire de Michael Moore
Avec Michael Moore…
Nous avions quitté Michael Moore avec le sulfureux et controversé Farenheit 9/11, charge virulente et pamphlétaire contre le président Bush et son administration. C’était en 2004, peu avant la réélection de celui-ci.
Critiqué pour sa subjectivité, Moore n’en démord pourtant pas et continue sa croisade anti-conformiste et parfois révolutionnaire.
Après les armes à feu et l’administration Bush, il pose son regard sur le système de santé américain, un système non pas en faillite économique, mais en faillite sociale.
50 millions d’américains n’ont pas de sécurité sociale et le reste doit se battre pour que les compagnies privées reconnaissent leurs maladies, leurs accidents et les remboursent justement.
Constat sidérant de l’impuissance de l’Etat fédéral face au lobby de l’industrie pharmaceutique dans son ensemble, Moore dresse le portrait d’une Amérique malade de la cupidité de ses entreprises, qui, dans un secteur social, mettent les profits avant la santé de leurs patients.
Le cinéaste égraine quelques portraits de victimes collatérales de cette industrie impitoyable, cet homme a qui on a refusé une greffe car elle ne garantissait apparemment pas ses chances, cette petite fille décédée car elle ne pouvait être soignée dans l’hôpital où sa mère l’avait emmené en urgences, qui ne faisait pas partie du réseau des hôpitaux de son assurance.
Constat sidérant des dérives du capitalisme et de sa frénétique course en avant, pour toujours plus de profits.
Moore n’évite pas les raccourcis faciles et la subjectivité dans son propos, comparant le système américain avec le système français, anglais ou cubain ( !). Mais cette mise en scène subjective est un instrument dans le propos de Moore qui souhaite éveiller les consciences et est contraint de prendre le contre-pied de la subjectivité des propos tenus dans les médias américains, qui ne peuvent s’exprimer réellement avec liberté et discernement, en raison d’intérêts économiques majeurs.
Moore garde intacte cette force de conviction et cette mise en scène, de lui-même et des faits, qui font de ses documentaires des pamphlets marquants et des œuvres certes inégales mais incontournables.
Vous aimerez ou vous détesterez mais vous ne resterez pas indifférent à Sicko !
Arnaud Meunier
09/092007