Sideways
Un film d’Alexander Payne
D’après l’oeuvre de Rex Pickett
Avec Paul Giamatti, Virginia Madsen,
Voici l’un des grands films de 2005 !!
Après le très réussi Monsieur Schmidt, avec Jack Nicholson, Alexander Payne montre qu’il est bien l’un des réalisateurs américains de comédies les plus talentueux de sa génération.
Car Sideways, tiré de l’œuvre éponyme de Rex Pickett, est un film magnifique, qui est aussi moderne que classique et n’est pas sans nous rappeler les comédies enlevées des années 50 à la Wilder. Là où les « misfits » font route commune et croisent sur leur chemin d’autres personnes en quête d’aventure…
Sideways est l’histoire de Miles, écrivain raté, dépressif, et Jack, acteur de pubs, futur marié et bien décidé à profiter de sa dernière semaine en tant que célibataire.
Les deux hommes décident d’aller faire la route des vins en Californie, pour déguster de grands crus et aussi profiter du paysage.
Sideways baigne dans une ambiance constamment euphorique, tant à travers les déboires de Miles, de son goût très prononcé pour le vin, en dégustation ou en grande quantité, sa dépression chronique et sa sincérité, que ceux de son compère Jack, acteur quelque peu écervelé mais instinctif et décidé à terminer sa vie de célibataire en beauté.
Si Payne sait saisir si bien les émotions de ses personnages, c’est parce qu’il ne les juge pas, il se contente de poser sa caméra et de filmer, de laisser aller les émotions de ceux-ci, saisir les regards et les sourires. Et il saisit alors l’essence de ses personnages.
Et il provoque le rire des spectateurs.
Si le film doit beaucoup à la qualité du scénario et des dialogues, enlevés et acérés, il doit également beaucoup à l’interprétation des comédiens.
Paul Giamatti, déjà excellent dans American Splendor, après beaucoup de rôles dans l’ombre, trouve ici un rôle à la mesure de son grand talent. Comme Jonh C. Reilly, il a su attendre dans l’ombre, avec des seconds ou troisièmes rôles avant de toucher maintenant le haut de l’affiche, comme chez nous Jean-Pierre Daroussin.
Entre dépression, furie et émotion, Giamatti donne corps et âme au personnage de Miles, cet écrivain qui voit sans cesse ses œuvres rejetées par les éditeurs, dont la femme l’a quitté, avec un ami encombrant.
Thomas Haden Church est également très bon dans le rôle du futur marié, gaffeur malgré lui, « instinctif ». On rit beaucoup de lui tout au long du film.
A leurs côtés, deux comédiennes, Virginia Madsen, émouvante de fragilité et Sandra Oh, énergique comédienne.
Comme dans Mondovino, de Jonathan Nossiter, on se plaît à découvrir la Californie du côté de sa route des vins, loin des grandes mégalopoles. Richement documenté, il plaira aux connaisseurs du vin.
En projetant ses personnages sur la route des vins, Payne nous fait également découvrir des lieux magnifiques, paysages où s’étalent les vignobles californiens sous le soleil.
Si Sideways est un film réussi, c’est parce qu’il regarde les gens avec humanité, dans leurs faiblesses et leurs forces. Il ne les juge pas. Il se contente de les mettre face à leur vie, leurs doutes.
Que Miles déclame un vers de Bukowski alors que Jack récite une publicité, on sourit, on rit aux éclats.
Avec une bande originale magnifique, légère, continuelle, une photographie et une mise en scène impeccables, Sideways est aussi brillamment réalisé. Si vous aviez aimé la saveur de Monsieur Schmidt, dont le style mélancolique et sarcastique, ironique ont apporté de la fraîcheur et de l’originalité au cinéma américain, vous allez adorez Sideways.
Alors ne le laissez pas passe !
Arnaud Meunier
13/02/2005