The Aviator
Un film de Martin Scorsese
Avec Leonardo Di
Caprio, John C. Reilly, Cate
Blanchet, Kate Beckinsale,
Alec Baldwin, Alan Alda Jude Law, Ian Holm…
Martin Scorsese aime explorer la destinée des hommes, leur pouvoir, leur ascension, leur chute… Et lorsque tous ces éléments sont réunis en un seul homme, Howard Hughes en l’occurrence, Scorsese se retrouve dans l’homme, dans les passions qui l’ont animé.
La vie d’Howard Hughes est un roman contemporain, il a côtoyé les belles stars hollywoodiennes, créé des avions, réalisé et produit des films tels que Scarface ou The Outlaw.
Il dit même un jour "Every man has his price, or a guy like me couldn't exist.", ce qui reflète bien la valeur qu’il accordait à l’argent, qu’il avait en quantités plus qu’extraordinaires. Hughes était un homme de passions, dans la création comme dans la destruction. Pilote émérite, il battit des records de vitesse en avion, des avions qu’il fit construire selon ses désirs, lui qui les connaissait si bien.
Scorsese a choisi de parler de Hughes de la fin des années 20 au milieu des années 40, période fastueuse pour cet homme si particulier.
Di Caprio, qui retrouve Scorsese après leur collaboration sur Gangs of New York, incarne le milliardaire avec panache et émotion et est un Hughes crédible, passionné mais aussi paranoïaque, schizophrène. Di Caprio fait une nouvelle fois preuve de maturité dans son jeu et son regard laisse passer l’émotion sans jamais jouer sur le pathos ou la performance. Il garde son jeu intact et subtil.
Il
est entouré de seconds rôles brillants, notamment John C. Reilly,
discret comme à son habitude mais pourtant si efficace, Cate
Blanchet est épatante en Katarine Hepburn dont le
franc parler fait mouche à chaque réplique, Kate Beckinsale est elle Ava Gardner, mais son rôle est plus une
composition physique qu’un rôle de tragédie. Citons aussi Alec
Baldwin, Ian Holm, Alan Alda et une apparition de
Jude Law en Errol Flynn.
Côté réalisation, Scorsese a voulu donner de l’ampleur à cette œuvre, naviguant entre les effets numériques, les images d’archives truquées à la Forrest Gump, les scènes virevoltantes et les scènes d’actions comme le crash impressionnant de Hughes, qui faillit lui coûter la vie.
Scorsese cisèle comme à son habitude l’image, ne laissant aucun détail lui échapper. C’est particulièrement le cas des scènes de galas, reconstitutions minutieuses des grandes soirées hollywoodiennes de l’âge d’or. Le réalisateur laisse aussi parler ses goûts pour la très bonne musique, avec des titres de blues et de jazz qui s’accordent avec les images et l’époque.
On retrouve par moments ce qui faisait de Casino un film si éblouissant, des lumières aux ombres.
Malgré toutes ses qualités, et elles sont nombreuses, il reste un goût d’inachevé dans cette production.
Mais peut-être que deux heures et cinquante minutes, aussi excellentes soient elles ne suffisent pas à raconter l’histoire d’un homme dont les rêves sont devenus ses passions, qui a touché du doigt les cieux avant de connaître une destinée sombre, vivant enfermé presque jusqu’à la fin de ses jours.
Une vie passionnée qui est difficile à raconter, finalement peut-être le destin de ce film, ne pas réussir à cerner Howard Hughes, l’homme qu’il fût, la vie qu’il mena.
Fort de ses 11 nominations, dont celle de meilleur film, aux prochains Oscars, The Aviator sera indéniablement un succès en salle.
A voir pour Scorsese et son amour du cinéma, pour Hughes et son amour de la vie, ses passions…
Arnaud Meunier
30/01/2005