Transamerica
Un film de Duncan Tuker
Avec Felicity
Huffman, Kevin Zegers, Fionnula
Flanagan…
Voici l’un des films les plus audacieux et surprenant depuis le début de l’année 2006.
A travers un thème que l’on a pu déjà découvrir au cinéma, notamment à travers le film Boys don’t cry (qui avait valu l’Oscar à Hilary Swank), le cinéaste américain évoque la transsexualité avec un regard différent.
En effet, il ne s’agit plus ici d’avoir envie de devenir un homme ou une femme, mais de le vivre réellement.
C’est l’histoire de Bree, né homme, devenue femme au fil des années, grâce à la chirurgie notamment. Ne lui reste que l’attribut masculin qui l’empêche encore de se sentir complètement femme, et se sentir libérée du regard que les gens portent sur elle.
Mais le temps approche pour Bree, pour cette opération qu’elle attend depuis si longtemps.
Un jour elle reçoit un coup de fil, de son fils présumé, issu d’une relation alors qu’il était encore homme, presque 20 ans auparavant. Elle va rendre visite au jeune homme, à New York, et le prend sous son aile, sans lui révéler qui elle est réellement. Tous les deux vont traverser l’Amérique, pour rejoindre Los Angeles, se découvrant peu à peu, à travers leurs différences, mais aussi leur sang commun.
Transamerica, et son interprète principale, ont été récompensés à juste titre dans de nombreux festivals et remises de prix.
La composition de Felicity Huffman est tout simplement éblouissante, elle réussit à saisir toute la complexité et la douleur d’une femme qui cherche simplement à exister en tant que telle. La transformation physique est saisissante et la comédienne réussit à toucher, avec simplement quelques mots, avec le regard parfois désabusé d’une personne blessée par la méchanceté des hommes.
A travers ce personnage, Duncan Tuker identifie à plus large échelle la discrimination que subissent les gens « différents ». Le regard qu’il porte sur Bree et sur ses amies, son monde, n’est pas un regard de compassion ou comique. C’est un regard unique, mais qui cherche à rester objectif, sans diaboliser non plus les personnes qui ont du mal à accepter qu’un proche choisisse de changer de sexe.
Avec son fils, Bree forme un duo complètement désaccordé sur beaucoup de points, mais qui a le même sang, les mêmes racines et les mêmes gênes. Ce qui les rapproche inévitablement, malgré leurs différences.
Leur périple, de New York à Los Angeles, est aussi un voyage sur leurs racines communes, au fond de l’Amérique où les différences ne sont pas toujours très bien vues.
Transamerica célèbre la différence et rejette les discriminations, sans se limiter à la transsexualité.
Le duo Felicity Huffman / Kevin Zegers, « père » et fils, fonctionne très bien. Duncan Tucker réussit non seulement une œuvre profonde et touchante, mais sa mise en scène est également très appliquée.
Aux détours des chemins, dans l’Amérique profonde, Tucker filme avec simplicité mais également beaucoup de goût quant au choix des paysages, principalement dans l’Arizona.
Transamerica révèle une comédienne qui s’essaye à un registre bien différent de celui de Desperate Housewives, dans un cinéma loin d’Hollywood et de ses sentiers battus. Une décision prise sans doute sous l’impulsion de son mari William H.Macy (ex-Dr Morgenstern d’Urgence), habitué du cinéma indépendant de qualité.
C’est donc un film à découvrir, qui vous touchera et pour lequel vous aurez beaucoup d’affection.
Arnaud Meunier
07/05/2006