Underground

 

Un film d’Emir Kusturica

 

D’après l’eouvre de Dusan Kovacevic

 

Avec Slayko Stimac, Miki Manoilovic, Lazar Ristovski, Miriana Jokovic

 

 

La seconde Palme d’or d’Emir Kusturica imposa le style de Kusturica sur la scène cinématographique mondiale, lui donnant un écho retentissant.

 

Underground est une fresque, historique, mélancolique, drôle, sur le destin tragique de son pays, la Yougoslavie, de l’avant-guerre (la seconde guerre mondiale) aux années 80.

 

C’est une histoire évidemment tragique, marquée par la guerre, mais Kusturica impose son ton léger, décalé, dans cet univers sombre et destructeur.

 

Undergound raconte l’histoire de deux hommes, Marko et Blaky, qui chacun à leur manière vont vivre cette longue période.

 

Le premier va devenir un profiteur de guerre et condamner son ami Blaky à un exil souterrain, un monde sous la terre.

Le second va se battre constamment, vivre et survivre sous terre, puis immerger pour enfin se libérer et revenir à la lumière.

 

Il est difficile de résumer, et il serait peu judicieux de la faire, cette œuvre fantasque, éblouissante, qui joue avec les images d’archives réelles (de Tito, de la guerre), à la manière de Zemeckis dans Forrest Gump.

Il se moque aussi avec une ironie certaine des instances internationales qui ont abandonné son pays, pour finalement le voir déchiré et meurtri à jamais.

 

Kusturica, dès le début du film, utilise la musique de Goran Bregovic, une fanfare qui revient tout au long du film pour accompagner les héros. Une musique gaie au milieu de cette guerre et des drames.

 

Undergound est un film politique, qui fustige la guerre et l’absurdité des hommes en la tournant en dérision. C’est à travers ses héros finalement très humains que le cinéaste attirer notre œil. Que devient un être humain face à l’ignominie de la guerre ? Perd-il sa propre existence à détruire celle de ses «ennemis ».

 

Plus récemment, Kusturica filmait La vie est un miracle, qui était un prolongement d’Undergound, tant sur le fond que la forme.

 

On retrouve avec plaisir, comme accompagnant la fanfare, une ménagerie singulière (singe, chevaux, poules…), qui donne à Underground un côté folklorique qui vient percuter le discours sombre du film.

 

Undergound fut justement récompensé de la Palme d’Or en 1995 au festival de Cannes, à une époque où les Balkans saignaient de la guerre. Alors que beaucoup ont regretté la Palme d’Or donnée à Farenheit 9/11 en 2004, les détracteurs de Moore feraient bien de revoir leur point de vue et de se pencher sur cette Palme d’Or, qui fut politique mais surtout et avant tout cinématographique.

 

Le cinéma raconte des histoires, de fictions ou réelles, et chaque morceau de pellicule est un geste de politique révolutionnaire au service de la création artistique et de la liberté.

 

 

Alors, découvrez Undergound si vous ne l’avez jamais vu !!

 

Arnaud Meunier

25/05/2005