Snuff movies : le cinéma de l’extrême, le cinéma de l’horreur
L’avènement du cinéma, de l’image et de la représentation médiatique, déteint de plus en plus sur l’homme et la société.
Tout le monde veut être filmé, tout le monde veut devenir célèbre, tout est prétexte à l’image, tout est prétexte à la dérive.
Que l’on parle de télé-réalité, de télé-poubelle ou de vrai snuff movie, l’image devient une composante essentielle de la vie des gens. Les enfants ne jurent que par la célébrité qu’ils pourraient acquérir grâce à la télévision, le cinéma ou bien pire.
« Happy-slapping », tournantes filmées, exécutions sommaires ou pire, tout est disponible sur Internet. Filmer fait partie, depuis la création cinématographique, des dérives humaines.
Images des camps de concentration, d’exécutions comme celle de Daniel Pearl, instruments de propagande extrémiste, le paroxysme est atteint avec les snuff movies, que Joel Schumacher avait évoqué dans 8 millimètres en 1999 ou encore Kathryn Bigelow dans Strange Days.
L’utilisation de l’image à des fins barbares est la conséquence directe de sa magnification par les médias. Il n’y a pas à proprement parler de réseaux snuff movies sur Internet, du fait de leur illégalité. Les films s’échangent entre « amateurs » sur les réseaux pier-to-pier ou email.
Malheureusement, ces mêmes amateurs sont bien souvent des pédophiles utilisant la toile pour diffuser leurs «œuvres », bien souvent au mépris des autorités compétentes, de par la complexité et bien souvent les vides juridiques qui entourent Internet.
Dans la course à la surenchère médiatique, là où la souffrance devient légion, à travers les émissions comme Survivor ou la chirurgie esthétique filmée et diffusée, la frontière avec le snuff est extrêmement tenue, si tant est qu’elle existe.
Tout ne serait donc qu’une différence de format (l’image sale et granuleuse de la DV contre l’image plus lisse de la télévision) et aussi de medium de diffusion ?
L’autre point de différence entre télévision et snuff, c’est la barbarie des snuff movies que l’on trouve sur Internet. Viols, tortures, meurtres, ces films qui ne sont malheureusement que rarement des mises en scène.
L’attraction du public pour un film tel Le Projet Blair Witch, faux snuff movie mais vendu comme tel par les producteurs, montre bien que la violence au-delà des sentiers battus, des films calibrés du cinéma américain, aussi violents soient-ils, fascine, intrigue.
Dans un monde où tout semble être à portée de main, il ne reste que peu de zones inexplorées par l’Homme, si ce n’est la barbarie millénaire qu’il est capable d’infliger à sa propre race, utilisant la règle immuable de la loi du plus fort écrasant le plus faible.
Derrière les images du journal de 20 heures, d’autres, bien plus ignobles mais toutes aussi réelles sont diffusées sur Internet, sanctuaire de la connaissance mais aussi paroxysme de la déchéance de l’humanité.
Face à ce phénomène, à chaque homme, à chaque femme de réagir, de signaler, de ne pas laisser ces images exister, car les enfants que vous voyez, les gens qui meurent sous vos yeux, pourraient être les vôtres.
Arnaud Meunier
16/07/2006