Caché

 

Un film de Michael Haneke

 

Avec Daniel Auteuil, Juliette Binoche, Maurice Bénichou, Annie Girardot…

 

 

Le nouveau film de Michael Haneke a été primé au dernier festival de Cannes du prix de la mise en scène. Un prix qui est loin d’être aussi justifié que celui d’Exils, de Tony Gatliff, lors du festival de Cannes 2004.

 

Mais passons sur ce « détail ».

 

Caché raconte l’histoire d’un couple de parisien, travaillant tous les deux dans le monde de la littérature, lui animateur d’un bouillon de culture de télévision et elle travaillant dans une maison d’édition. Tout semble aller pour le mieux dans leur vie jusqu’à ce qu’ils commencent à recevoir des cassettes vidéo anonymes montrant leur maison et des dessins étranges. Troublés, se sentant persécutés, le couple perd pied peu à peu, sombrant dans la psychose, la peur. Georges, le mari, soupçonne rapidement un homme, Majid, qui failli être adopté par ses parents lorsqu’il était petit, mais qui à cause de lui fut emmené dans un foyer, loin de tout amour et éducation.

 

Dès le début du film, plan fixe sur la maison du couple qui s’avère être celui d’une vidéo, Haneke instaure une atmosphère pesante, oppressante, qui peu à peu va se resserrer autour de la famille, de leur fils Pierrot. Illusion perverse d’être persécutée, suivie, la famille se désunit peu à peu, le couple vacille, perdant la confiance mutuelle, le fils s’éloigne d’eux également.

 

Caché est aussi une mise en scène du pouvoir de l’image, jouant avec les codes, avec les peurs des gens, ce besoin de montrer inhérent à notre société contemporaine, manquant de classe, de goût.

 

Daniel Auteuil et Juliette Binoche incarnent ce couple en crise, en proie à la peur de l’autre, cette peur menaçant leur équilibre familial, cette vie si lisse qu’ils se sont construit, avec leur famille, leurs amis, leur travail respectif. Là où le paraître compte autant si ce n’est plus que l’être.

 

A leurs côtés, Annie Girardot apparaît furtivement, dans une séquence touchante et Maurice Bénichou incarne Majid, cet homme que l’on sent fatigué de la vie, peiné d’être accusé de quelque chose qu’il ne saurait faire.

 

La mise en scène est originale, alternant les séquences tournées avec les séquences des vidéos que le couple reçoit. Une réflexion, certes furtive, sur le pouvoir de l’image dans nos sociétés contemporaines.

 

Une idée qui manque toutefois d’intérêt et qui ne semble être qu’effleurée par le cinéaste. Un film intéressant, bien construit, qui a pour atout de ne rien révéler ce qui frustrera les amateurs de « fins » classiques mais qui ravira ceux qui aiment aussi que les mystères le restent.

 

A découvrir.

 

Arnaud Meunier

08/10/2005