Esther Kahn

 

Un film d’Arnaud Desplechin

 

D’après Arthur Symons

 

Avec Summer Phoenix, Ian Holm, Fabrice Desplechin, Frances Barber, Emmanuelle Devos…

 

 

La découverte d’Arnaud Desplechin, réalisateur du magnifique Rois et Reine, est un plongeon dans un cinéma d’auteur, extrêmement prenant et rigoureux, si on regarde ses premiers films dont Esther Kahn fait partie.

 

Ce film raconte l’histoire d’une jeune fille, Esther Kahn, qui vit dans l’Angleterre du 19ème siècle. Complètement fermé au monde, quasi-muette, elle va s’ouvrir au monde grâce au théâtre, une passion qui l’habite depuis sa découverte, mais aussi grâce à l’amour.

 

Desplechin réalise un filme sans concession, à la rigueur et au conformisme implacable. Pourtant sous ces allures intransigeantes se cache une œuvre complexe et riche.

 

Tout d’abord, il s’agit de la vie en Angleterre, au 19ème siècle, d’une jeune fille juive dont le mutisme exacerbé en fait la risée de ses camarades et de sa famille. Son éveil au monde se fera à travers l’art suite à une pièce qu’elle découvre. Son talent rapidement remarqué, la jeune fille quitte sa fille pour vivre pleinement cette passion. Prise sous son aile par un vieux comédien, celui-ci va la pousser à vivre pour pouvoir exprimer des sentiments qu’elle ne connaît pas.

 

La jeune fille va s’éprendre d’un critique de théâtre, découvrir l’amour, la passion et la douleur.

 

Le cinéaste dépeint avec beaucoup de soin, de temps aussi, l’univers de cette société anglaise conventionnée, du monde du théâtre de l’époque, la passion et la fascination exercées.

 

Desplechin allie le sens du cadre, très rigoureux, à la photographie magnifique d’Eric Gautier, photographe notamment de d’Intimité, Ceux qui m’aiment prendront le train ou encore Rois et Reine. Les couleurs alternent la froideur de l’environnement d’Esther avec la chaleur du théâtre.

 

Du côté de l’interprétation, Summer Phoenix tient le rôle d’Esther Kahn avec brio, un rôle qui joue beaucoup sur son physique et les regards, les silences. A ses côtés le grand Ian Holm livre une composition impeccable dans le rôle du protecteur d’Esther. On retrouve enfin des comédiens plus familiers de l’univers du réalisateur : Emmanuelle Devos, Fabrice Desplechin (frère de), Laszlo Szabo….

 

Esther Kahn est un film réussi, même si sa rigueur peut dérouter. Un vrai film d’auteur, qui prend le temps de son sujet (2h25) pour ne pas tronquer la qualité du récit et de l’histoire.

 

A découvrir si vous avez aimé Rois et Reine et si vous souhaitez découvrir Desplechin.

 

Arnaud Meunier

28/08/2005