Le Nouveau Monde
Un film de Terence Malick
Avec Colin
Farrell, Q’orianka Kilcher,
Christian Bale, Noah Taylor, Ben Chaplin…
Terence Malick est un cinéaste rare à l’écran, mais chacune de ses œuvres est le fruit d’un travail d’artiste remarquable. Son dernier opus, La Ligne Rouge, traitait de la guerre avec un lyrisme éblouissant.
Le Nouveau Monde, ce nouveau film, est une œuvre toute aussi lyrique et aérienne que l’était La Ligne Rouge. Malick raconte ici l’histoire du capitaine anglais Smith, débarquant avec plusieurs hommes pour établir une colonie en Amérique, sur le territoire indien. Il va rencontrer la belle Pocahontas, jeune fille du roi de la région, soleil naissant, en harmonie avec la nature. Un amour interdit, controversé qui va s’ériger au milieu des luttes de territoires, de richesses.
Le cinéaste aime la nature et la filme avec talent, la magnifie complètement. Il prend le temps de saisir chaque moment de beauté, filmant les oiseaux, les arbres, l’eau pour mieux nous faire ressentir la beauté, la pureté de ces territoires vierges. Une poésie qui naît dès les premières secondes et qui ne s’éteint qu’à la fin du générique, se prolongeant même au-delà dans l’esprit.
Et au milieu de cette nature si pure, une histoire d’amour impossible entre une jeune fille indienne et un capitaine anglais à la fois aimé pour sa fougue et détesté pour cette même raison, son insubordination. A travers le prisme de cet amour, Malick décrit le choc des civilisations, la rencontre entre le monde « moderne » et celui des indiens, tourné vers les éléments, une harmonie complète. Pocahontas, jeune princesse indienne, beauté solaire, entière, passionnée, amoureuse, va sauver et tomber amoureuse du capitaine Smith. Mais au milieu des conventions sociales qui régissent la vie de sa communauté, partagée entre sa nature, la nature, et ce monde nouveau, elle a le courage de faire ses choix. Le capitaine Smith, insubordonné mais curieux, passionné lui aussi, est saisi par cette beauté, cette innocence, cette pureté qu’il n’a jamais connu, qu’il découvre en s’égarant en territoire inconnu. Il est lui partagé avec douleur entre cet amour et ses devoirs envers le roi d’Angleterre.
Cette légende de Pocahontas et de cette vie fabuleuse, entre deux mondes, est mise en scène avec un lyrisme qui jamais ne retombe, ni ennuie. Le talent de Malick est de savoir filmer une histoire et la confondre avec une autre, celle de la nature qui évolue au rythme des saisons.
La photographie et la réalisation sont toutes deux magnifiques, prouvant encore la qualité et la sensibilité du cinéaste.
L’interprétation des comédiens fait également la qualité de cette œuvre. Colin Farrell, bien plus à son aise que dans Alexandre, incarne le capitaine Smith avec retenue, ce qui est le bienfait de son rôle. Sa beauté brute s’allie à celle pure et naturelle de la jeune Q’orianka Kilcher, véritable révélation du film, qui interprète Pocahontas. Espiègle, belle, elle réussit à faire passer toutes ses émotions à travers son visage, n’ayant que très peu de dialogues. Mais elle n’a pas besoin de dialogues pour faire naître l’émotion.
Le Nouveau Monde est une œuvre lyrique, d’une réelle beauté, qui fera le bonheur de ceux qui aiment voyager, dans l’histoire, dans la légende, en harmonie avec la nature. Une innocence qui transpire de ce film de Terence Malick, qui malgré sa rareté à l’écran continue de nous étonner et de nous éblouir.
A voir absolument.
Arnaud Meunier
15/02/2006