Les Corps Impatients

 

Un film de Xavier Giannoli

 

Avec Nicolas Duvauchelle, Laura Smet, Marie Denarnaud

 

Avant de réaliser Une Aventure, le cinéaste Xavier Giannoli avait réalisé Le Corps Impatients, une histoire d’amour, de vie et de mort entre trois jeunes.

 

Paul et Charlotte sont un jeune couple du sud de la France. Ils sont étudiants. Apparemment heureux. Mais Charlotte doit passer des examens, et il se révèle qu’elle a un cancer.

 

Le couple fragile s’étiole peu à peu et Paul fait la connaissance de Ninon, cousine de Charlotte, qui devient sa confidente à Paris. Bientôt, Charlotte pousse peu à peu Ninon et Paul dans les bras l’un de l’autre. Un trio à demi-mot, une histoire d’amour qui naît alors qu’une autre s’éteint, sur fond de maladie et de mort qui plane.

 

Une histoire brute, simple et dure, passionnée.

 

La qualité de ce film est avant tout due aux jeunes comédiens, épatants de justesse.

 

Tout d’abord, Laura Smet, qui faisait ses débuts dans un rôle principal, incarne Charlotte. Investie dans son rôle, n’hésitant pas à se raser la tête, elle est touchante et violente, une émotion à fleur de peau qui transpire à l’écran. Un rôle difficile qu’elle a su interpréter avec talent et justesse.

 

A ses côtés, Nicolas Duvauchelle est Paul, son petit ami (on revoit le comédien dans Une Aventure). Il se dégage chez le jeune comédien une force étonnante, dans son regard, dans son physique. Une émotion brute qu’il exprime à travers les rôles qu’il interprète. Sa composition de Paul est très juste. Un jeune homme partagé entre deux amours, un amour qui meurt au propre comme au figuré, et celui qui naît, la passion charnelle qui s’exprime.

 

Enfin Marie Denarnaud, dans le rôle de Ninon. Objet des désirs de Paul, jeune femme entière et passionnée, qui est attirée par l’amour de sa cousine mourante. Un conflit intérieur qu’elle partage avec Paul, mais la violence des sentiments est plus forte que le sentiment de culpabilité.

 

Giannoli utilise volontairement une réalisation minimaliste, brute, pour ne pas dénaturer le propos du film et sa force. C’est ce qui en fait sa réussite et sa qualité.

 

Le cinéaste capte avec justesse les sentiments des personnages, pas encore adultes mais plut tout à fait des adolescents. Hésitants, naturels, parfois lâches, ils ne perdent jamais leur humanité, même face à la mort qui plane.

 

La musique du film est aussi bien choisie (on entend notamment Archive) et enrobe certaines scènes d’une atmosphère planante.

 

Les Corps Impatients est un film à découvrir car il révèle un cinéaste qui depuis a confirmé son talent. Mêlant amour et mort, passion et destruction, c’est un film qui prend au ventre et ne nous lâche pas jusqu’à la fin.

 

Arnaud Meunier

12/02/2006