Viva Zapatero !
Un documentaire de Sabrina Guzzanti
Avec Sabrina Guzzanti, Silvio Berlusconi…
Michael Moore a fait des émules et c’est tant mieux !
Après les charges politiquement incorrectes des Yes Men ou encore des émissions satiriques comme les Guignols, Le Vrai Journal (les deux sur Canal +), les artistes et journalistes n’ont plus peur d’aller vers la caméra pour mettre en lumière ce que cachent les politiques au grand public.
Et le cinéma est un medium qui tend à faire recette de ce côté-là.
Après Farenheit 9/11 ou encore Bowling for Columbine, Viva Zapatero ! de l’artiste italienne Sabrina Guzzanti s’intéresse à la censure de son émission satirique RAIot par le gouvernement italien, à travers les arcanes sombres du parlement, des conseils de surveillance (équivalent de notre CSA), et par-dessus tout du monopole de Berlusconi, premier ministre du gouvernement italien, sur les médias publics et privés et le régime fascisant qu’il met en place petit à petit.
Son émission RAIot, tribune ouverte sur le monde politique, satire féroce du monopole de Berlusconi et des lois qui ont favorisé son accession au pouvoir et son monopole qui menace la liberté de la presse aujourd’hui en Italie, fût suspendu par la direction de la RAI. Aucune raison valable n’a justifié cette censure, si ce n’est le fait qu’elle exprimait librement l’opinion de nombreux italiens. D’autres journalistes ont également été débarqués de leur poste, de leur journal, en raison des pressions exercées par Berlusconi, ses sociétés et ses avocats. Comme le souligne Sabrina Guzzanti, Berlusconi se trouve être premier ministre grâce à une loi qui lui a permis d’atteindre cette position alors qu’il était inéligible.
Véritable carton en Italie,Viva Zapatero est une charge féroce contre ce système véreux qui positionne aujourd’hui l’Italie comme un pays où la liberté d’expression n’est plus vraiment réelle, où les journalistes n’osent plus attaquer de front Berlusconi et sa main mise sur l’information. La plus grande tragédie qu’une démocratie doit redouter.
A la manière de Michael Moore, Guzzanti apostrophe, vient bousculer les protagonistes de son histoire, en n’oubliant pas de donner la parole à ses plus féroces détracteurs, ceux qui ont supprimé son émission, même si certains ne se montrent pas toujours très loquaces. Et les images, comme les mots de Guzzanti, font mouche.
La réalisatrice fait également intervenir des personnes d’autres pays, notamment Karl Zéro ou encore Bruno Gaccio (auteur des Guignols). Les Guignols, programme tout sauf politiquement correct, irrévérencieux et féroce, s’érige aujourd’hui comme l’un des programmes les plus libres d’expression dans le monde, avec une liberté qui ne saurait être menacée par quelque gouvernement sans révolter tout le pays.
Malheureusement, force est de constater que la liberté d’opinion en Italie tant à converger vers une pensée unique insipide et surtout pro-gouvernementale. Guzzanti fait d’ailleurs le rapprochement entre le gouvernement de Berlusconi et l’attitude de la presse et la montée du fascisme dans les années 30, où peu à peu, la pensée unique devint le fascisme.
Viva Zapatero termine sur une jolie note d’espoir, où ce spectacle de Guzzanti et d’autres artistes attire des milliers et des milliers de personnes. L’espoir que la classe politique italienne se réveille enfin !
Pour sa première réalisation, Guzzanti réussit son coup avec brio, une mise en scène appliquée et la primauté du fond sur la forme, encore un peu bancale par moments.
En espérant que la jeune artiste ne s’arrête pas en si bon chemin !
Que viva Zapatero !
Arnaud Meunier
24/12/2005