Hell

 

Un film de Bruno Chiche

 

D’après le roman de Lolita Pille

 

Avec Sara Forestier, Nicolas Duvauchelle, Didier Sandre, Michel Vuillermoz

 

La sortie de Hell, de Lolita Pille, fit sensation. Une jeune fille friquée et oisive qui vomissait le dégoût de son propre milieu, tout en en faisant partie entière.

 

Un livre qui commençait comme ceci : « je suis une pétasse. De celles que vous ne pouvez supporter; de la pire espèce, une pétasse du XVIe, mieux habillée que la maîtresse de votre patron. Si vous êtes serveur dans un endroit «branché» ou vendeur dans une boutique de luxe, vous me souhaitez sans doute la mort, à moi, et à mes pareilles. Mais on ne tue pas la poule aux œufs d’or. Aussi mon engeance insolente perdure et prolifère‑t‑elle…
Je suis le symbole éclatant de la persistance du schéma marxiste, l’incarnation des Privilèges, l’effluve capiteux du Capitalisme.
En digne héritière de générations de femmes du monde, je passe plus de temps à me laquer les ongles, à me dorer la pilule au Comptoir du soleil, à rester le cul sur un fauteuil et la tête dans les mains d’Alexandre Zouari, à lécher les vitrines de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, que vous à travailler pour subvenir à vos petits besoins. »

 

Bruno Chiche, associé à Lolita Pille, a choisi d’adapter ce livre empreint de fougue et de mal-être.

 

Le film souffre d’un manque de rythme et de nombreuses situations n’ont rien d’originales. Malgré tout ce qui est saisissant dans ce long métrage est la composition des deux comédiens, Sara Forestier et Nicolas Duvauchelle, qui incarnent le couple Hell/Andrea, avec force et conviction.

 

Hell raconte l’histoire de Hell, une jeune fille qui croule sous le fric, les soirées dans la jet-set mais qui souffre d’un mal de vivre qu’elle noie dans l’alcool, la coke et le sexe à outrance. Sa rencontre avec Andrea, son double masculin, va l’entraîner pendant plusieurs mois dans un tourbillon de drogue, sexe et alcool, une descente aux enfers, constamment entre vie et mort.

 

Sara Forestier se découvre à l’écran dans un rôle difficile, celui d’une jeune fille encore enfant mais qui grille les étapes pour devenir adulte. Sentiments intériorisés pour une jeune fille extravertie, qui sombre peu à peu. Nicolas Duvauchelle, que nous avons pu voir chez Giannoli dans Une Aventure et Les Corps Impatients, est une fois de plus excellent. La force de son regard et le côté ombrageux, fragile de son caractère, captive l’image à chaque prise.

Ce duo fonctionne très bien et est le moteur d’un film qui tend malheureusement à se répéter et tourner en rond.

 

La mise de Bruno Chiche est en mouvement et se focalise sur ses deux comédiens dont il capte l’émotion qui transpire sur leur visage, dans leurs gestes.

 

Ce milieu, très superficiel, friqué et en mal de repères, s’effondre perpétuellement sur lui-même, comme ceux qui y « évoluent ».

 

Hell se veut le reflet, certes apaisé, d’une œuvre forte, d’un cri.

 

Pour les comédiens, Hell est un cri à voir.

 

Arnaud Meunier

04/03/2006