L’Aveu

 

Un film de Constantin Costa-Gavras

 

D’après le roman d’Artur et Lise London

 

Avec Yves Montand, Simone Signoret, Michel Vitold, Jean Bouise, Gabriele Ferzetti…

 

Comme pour Z, en 1969, L’Aveu s’inspire d’un livre, celui d’Artur London et de son histoire. Artur London était un communiste tchécoslovaque pour qui le parti communiste représentait tout, une idéologie, un mode de vie aveugle. Devenu ministre des affaires étrangères en 1948, il fut arrêté en 1951 et soupçonné comme beaucoup d’autres d’être trotskiste et d’avoir fomenté un coup d’état avec l’aide de services secrets étrangers. Condamné au procès Slansky, il fut condamné à la perpétuité, alors que beaucoup de ses camarades furent condamnés à mort, sur la base d’aveux faux et arrachés après des mois d’enfermement et de torture psychologique et physique. Arrivé en France en 1963, il raconta son histoire.

 

Yves Montand incarne ici Artur London et Simone Signoret sa femme Lise.

 

Ce qui frappe dans ce film, c’est tout d’abord la machine de torture implacable qu’il décrit. Les tortures infligées, psychologiques d’abord, puis physiquement (affamer les prisonniers, les empêcher de dormir, les faire marcher continuellement). La répétition des interrogatoires, les aveux imaginaires que les détenus doivent signer pour vivre, la peur de la mort, pour eux-mêmes, pour leurs familles… une détention arbitraire qui s’apparente surtout à une mascarade politique, celle d’un système qui combattait le nationalisme socialisme mais qui devint une machine à la pensée et mode de vie unique.

 

Quoi que le témoin dise ou fasse, seul le parti a raison, seul une vérité ne peut être dite, celle du parti.

 

Costa-Gavras montre une nouvelle fois la belle maîtrise du cadre dont il fait preuve. Les espaces restreints (cellules et lieux des interrogatoires) contrastent avec les quelques instants où l’espace se fait plus grand, mais pas forcément plus accueillant comme lorsque ses bourreaux l’installent pour la pendaison mais se servent de cette peur de la mort pour lui extorquer des aveux imaginaires.

 

L’interprétation d’Yves Montand est admirable, une réelle performance de comédien. A ses côtés, on retrouve d’autres grands comédiens, Simone Signoret qui incarne sa femme. Un rôle difficile, celui d’une femme qui a foi aussi dans le parti, mais qui voit soudainement son mari disparaître, puis les avantages qui lui étaient accordés, pour terminer à l’usine, suspectée d’être la femme d’un traître. Un rôle fort que la comédienne su relever avec talent. Il est également important de souligner les belles performances de Jean Bouise et de Gabriele Ferzetti.

 

Costa-Gavras, signant en deux ans deux films politiques forts, à l’époque où des régimes de terreurs, des régimes communistes étaient encore présents, marquait ainsi son empreinte dans le cinéma. L’engagement dont il fit preuve et avec lequel il continue de raconter les histoires au risque de déranger (Amen par exemple sur le rôle de l’Eglise dans le génocide des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale) est exemplaire.

 

Encore récemment avec Le Couperet, il ose prendre le parti de ses histoires amorales, dérangeantes, mais qui ne sont que le reflet de notre vraie société contemporaine.

 

Avec L’aveu, Costa-Gavras signait l’un de ses films les plus forts. Peut-être pas aussi bon que Z, mais toujours excellent.

 

A découvrir.

 

Arnaud Meunier

14/08/2005