L’Île (Seom)

 

Un film de Kim Ki-duk

 

Avec Suh Jung, Kim Yoosuk, Park Sung-hee, Cho Jae-hyung

 

 

Quelque part en Corée du Sud, sur un lac, une belle et silencieuse jeune femme s’occupe de quelques maisonnettes flottantes, où viennent pêcher des hommes. Elle leur vend de quoi vivre et se prostitue également pour survivre.

Un jour, un homme suicidaire arrive. La jeune femme est intrigué par cet homme et en tombe amoureuse. Le début d’une relation passionnelle et violente, étrange…

 

Kim Ki-duk, cinéaste des magnifiques Locataires et Printemps, Eté, Automne, Hiver…et Printemps, signait en 2000 L’Île (Seom). Un prélude poétique à ces deux œuvres d’une beauté indicible.

 

Car il affiche déjà ici son style si particulier qui fera le succès de ses films suivants.

 

Quasi-inexistence des dialogues et le peu étant prononcé remarquablement insignifiant, beauté des images, avec un cadre qui évoque directement le futur cadre de Printemps, Eté… Des personnages à la fois poétiques et torturés, des sentiments à fleur de peau.

 

Car le cinéaste raconte une belle histoire d’amour, tout en ne cachant pas l’irraison de ses deux personnages. A la fois troublants, distants et passionnés, ils s’attirent immanquablement, ne laissant personne entraver leur amour naissant, quoi qu’il fasse faire.

 

Comme chaque film de Kim Ki-duk, la découverte est avant tout visuelle, intense, comme une œuvre d’art qui ne cesse d’être lue et relue à des degrés différents.

 

Par moments, L’Île évoque L’empire des Sens, de Nagisa Oshima, avec la dureté de certaines scènes, celles d’auto-mutilation comme le signe du désespoir amoureux.

 

Kim Ki-duk est un poète des images qui ne cesse d’approfondir sa réflexion, poussant toujours un peu plus loin la pureté de son cinéma. Il est encore relativement inconnu et le restera sans doute s’il choisit l’art plutôt que la facilité. Jusqu’à présent, le cinéma coréen, le cinéma asiatique et tout le cinéma lui doivent beaucoup.

 

Dans cette fuite en avant pour des films toujours plus grands, plus forts, avec plus d’effets spéciaux, Kim Ki-duk va vers la recherche de la pureté artistique et cinématographique. Un grand cinéaste qui finalement n’a pas besoin d’être connu, il n’en est que plus précieux comme ses films.

 

Alors, voyagez avec lui sur cette Île… vous ne serez pas déçu…

 

Arnaud Meunier

12/11/2005