30ème cérémonie des César... un bon cru !
La 30ème cérémonie des César a eu lieu samedi 26 février 2005, au théâtre du Châtelet, soirée également retransmise en clair sur Canal +, plus que jamais LA chaîne du cinéma.
Les nominations avaient fait la part belle aux grands succès de 2004, Un Long Dimanche de Fiançailles, de Jean-Pierre Jeunet, Les Choristes, de Christophe Barratier. Autant dire que le palmarès, loin de les oublier, a pourtant été plus surprenant et osé. Ce que l'on ne peut qu'apprécier.
Isabelle Adjani, boudinée dans une robe rose bonbon hideuse, a entamé la soirée avec un discours émouvant, rendant hommage à Florence Aubenas et son interprète Hussein Hanoun al-Saadi, tous deux portés disparus en Irak. Après un verre d'eau, théâtral moment, Adjani termina son allocution en ouvrant la cérémonie.
Comme en 2004, Gad Elmaleh a présenté la soirée, avec un talent certain et la complicité de quelques comédiens dont Alain Chabat, Philippe Noiret, Gérard Depardieu et Jean-Paul Rouve.
Tout d'abord, place aux espoirs en tout genre...
Les comédiens : Sara Forestier pour L'Esquive, qui remercia chaleureusement l'équipe du film et son réalisateur Abdel Kechiche ; Gaspard Ulliel, césar amplement mérité du meilleur espoir pour son interprétation de Manech dans Un Long Dimanche de Fiançailles, trophée qui lui échappa les deux dernières années pour Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc et Les Egarés d'André Téchiné.
Les cinéastes : Abdellatif Kechiche pour l'Esquive, qui n'est pourtant pas son premier long. Kechiche avait été remarqué avec La Faute à Voltaire. Avec l'Esquive, où il plonge au sein d'un lycée de banlieue et du théâtre de Marivaux, malgré le relatif échec en salles (300000 entrées), le succès critique ne s'est pas démenti tout au long de l'année, et l'Académie des César a su rendre mérite à cette oeuvre. Pas de moins de 4 César, les principaux, meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleur espoir féminin pour Sara Forestier.
Gilles Porte et Yolande Moreau ont emporté le César du meilleur premier film pour Quand la Mer Monte, oeuvre semi-autobiographique d'une comédienne en tournée avec son one-woman show dans le nord e la France. Sortie dans un réseau de salles miniscule, boudé par le public, c'est pourtant un film indépendant au grand sens du terme, fait de tout et de rien, habité par l'amour du cinéma. Un film qui est à découvrir (comme pour moi).
Ponctué d'interventions sympathiques, notamment celle de Gérard Depardieu dans le remake de sa prestation de l'année dernière, ou encore de Philippe Noiret et Gad Elmaleh au Parc des Princes, la cérémonie reprend son cours normal avec les nominations pour les César majeurs.
Yolande Moreau remporte le César de la meilleure actrice pour Quand la Mer Monte, rendant hommage à Humbert Balsan, producteur du film, décédé quelques jours auparavant.
Matthieu Amalric, César du meilleur acteur pour Rois et Reine, d'Arnaud Desplechin, qui est indiscutable, tant sa performance est remarquable. Rois et Reine dont c'est d'ailleurs la seule récompense de la soirée...
Côté seconds rôles, Marion Cotillard remporte celui de la meilleure actrice pour son interprétation de Tina Lombardi, dans le film de Jeunet. Un rôle fort et marquant, qui était plus complexe et intéressant que celui d'Audrey Tautou, trop lisse... L'émotion de Marion Cotillard pouvait se voir et sa joie faisait beaucoup de plaisir à voir.
Clovis Cornillac obtient celui du meilleur second rôle masculin pour son interprétation de footeux aux ambitions biographiques dans Mensonges et Trahisons, et plus si affinités... Retenu par un tournage, c'est le réalisateur Laurent Tirard qui vint chercher la récompense, tout aussi ravi que si c'était pour lui !
Le cinéma étranger ne fût pas oublié avec l'introduction du César du meilleur film de l'Union Européenne, attribué ex-aequo à Ae fond kiss (Just a kiss) de Ken Loach et La Vie est un miracle d'Emir Kusturica. Deux César qui sont complètement justifiés à la vue des deux films, très différentes mais magnifiques. Deux oeuvres touchantes, qui met à mal les discriminations en tout genre, par la force de Loach et le lyrisme de Kusturica. Si vous n'avez pas vu ces deux films, empressez vous de les voir à leur sortie en DVD...
Le César du Meilleur Film Etranger est revenu quant à lui à Lost in Translation de Sofia Coppola, césar mérité, même si nous aurions aimé voir Eternal Sunshine of the Spotless Mind l'emporter !!
Trois César techniques sont revenus à Un Long Dimanche de Fiançailles, César indiscutables (Meilleurs Costumes, Meilleure Photo et Meilleurs Décors).
Ceux du meilleur son et de la meilleur musique revenant au film de Christophe Barratier, Les Choristes, oublié par l'Académie dans les catégories principales.
Autre grand oublié du palmarès malheureusement, 36, Quai des Orfèvres d'Olivier Marchal, qui aurait mérité le César du meilleur montage, attribué au film Deux Frères de Jean-Jacques Annaud, pourtant pas extraordinaire...
Pour terminer, un petit mot concernant les César d'honneur attribués cette année.
- Will Smith : le comédien avait fait le déplacement la veille des Oscars, pour venir chercher son César d'honneur. On peut se demander pourquoi Will Smith a obtenu ce César. Malgré sa jeune carrière, bien remplie, malgré quelques bons rôles comme dans Ennemi d'Etat (Tony Scott), Ali (Michael Mann, sa meilleure performance à ce jour) ou encore I, robot (Alex Proyas), ce César paraît quelque peu immérité. Espérons que Mr Smith sache faire preuve d'humilité en mesurant "l'honneur" qu'il lui a été fait avec ce César.
- Jacques Dutronc : cigare et lunettes noires. Un comédien français que l'on apprécie et qui traverse les années avec une certaine nonchalance. Un César mérité et apprécié.
Voilà pour les César 2005 !!!
Rendez-vous l'année prochaine pour une nouvelle cérémonie, qui saura mettre en valeur nous l'espérons le cinéma indépendant comme cette année, en réponse aux films-foires que l'on nous propose trop souvent...
Arnaud Meunier
28/02/2005
Photos Allociné